Geoconcept le géoptimisateur
Catégorie: Cartographie, Contrats, Données, Entreprises, Géomarketing, Logiciels, Recherche, Reportages, Utilisateurs, WebMapping
Début février, l’éditeur a rassemblé quelque trois cents partenaires et utilisateurs pour son Geoworld annuel. L’occasion de mesurer le chemin parcouru en vingt-cinq ans et de montrer concrètement comment « géoptimiser » ses ressources.
La première fois que Geoconcept a participé à un salon professionnel, c’était à l’Apple Expo de 1991. Et c’est avec un sourire malicieux qu’Éric Lanzi, l’un des fondateurs de l’entreprise et aujourd’hui PDG, rappelle que « lorsqu’on a signé notre premier contrat avec l’IGN, on n’avait même pas un bilan à leur présenter ». Bien décidée à démocratiser l’information géographique, la petite équipe a engrangé suffisamment de succès pour afficher aujourd’hui un effectif de cent dix personnes pour un chiffre d’affaires de onze millions d’euros en 2015.
Cap sur la géoptimisation
« Mais nous avons dû nous renouveler plusieurs fois, même si notre cœur de métier n’a pas changé » avoue Didier Robert, directeur général. Désormais, on ne parle plus de SIG mais de géoptimisation, un concept né de la rencontre entre l’éditeur et le spécialiste de la rénovation de fenêtres K par K qui souhaitait associer optimisation de tournées et gestion de son call center. « Aujourd’hui, le secteur représente plus de la moitié de notre chiffre d’affaires, mais au début, il a fallu évangéliser » poursuit le directeur général.
Pour servir cette vision, l’entreprise a étendu son offre qui se décline en plusieurs familles de produits dédiés à tel ou tel type de fonctions. Ce ne sont pas moins de cinquante personnes basées à Caen, Paris, Grenoble et Chennai (Inde) qui assurent le développement et les tests des logiciels. Si l’année 2015 a été riche en annonces, l’année 2016 ne l’en sera pas moins, comme s’en sont félicités les responsables produits.
À venir en 2016
Première grosse nouveauté, la réécriture complète du noyau GeoConcept dont la version 8 est attendue à l’automne. « Cette réécriture doit nous permettre d’aborder les vingt-cinq prochaines années » insiste Marc Bannelier, l’autre fondateur, aujourd’hui directeur de la recherche et du développement. Une architecture entièrement 64 bits, l’utilisation généralisée de l’Unicode, un nouveau moteur graphique… vont autoriser la gestion de données bien plus volumineuses, une vitesse d’affichage doublée, une adaptation au marché international de plus en plus présent et de nouveaux modes de représentations. Parmi ceux-ci, citons les cartes de chaleur (Heat Maps) et les graphiques par hémicycles. Cette nouvelle version saura également exporter des PDF multicouches. Mais c’est aussi en tant que moteur d’une gamme d’applications thématiques que Geoconcept 8 aura toute son importance : les composants seront mieux partagés entre les logiciels, exploitables sous forme d’API de services et adaptés aux exigences des utilisateurs qui migrent vers le Cloud.
Des nuages et des diagrammes de Voronoï
D’ailleurs, Geoconcept propose depuis plusieurs mois TourSolver sur le Cloud, qui aide à définir des tournées sans installer aucun logiciel, bien adapté aux petites flottes et aux utilisateurs néophytes : l’opérateur commence par définir son vocabulaire (organise-t-il une flotte d’ambulances ou de techniciens de maintenance ?), il décrit ensuite ses ressources (livreurs…), il intègre et géocode ses rendez-vous, puis lance l’optimisation qui lui retourne un planning, exportable en fichier tableau si besoin (format CSV).
Opti-Time Cloud, pour sa part, met la « géoplanification » au cœur même de Salesforce, mais peut aussi fonctionner pour ceux qui n’ont pas d’abonnement au logiciel de gestion de la relation client.
En attendant Geoconcept 8, dont les participants au Geoworld n’auront finalement pas vu grand-chose, plusieurs modules vont s’enrichir de nouvelles possibilités. Ainsi, Territory Manager, l’outil de sectorisation, améliorera dès février l’équilibrage des secteurs, la qualité des sectorisations sur points et la définition de territoires équidistants grâce aux diagrammes de Voronoï. Opti-Time disposera d’un module dédié à la planification à long terme, qui effectuera par exemple des simulations de planning annuel des activités afin de les répartir au mieux entre les équipes. Les disponibilités des techniciens seront également intégrées (périodes de congés, d’activités de maintenance, d’installation…) par simple glissé/déposé dans le planning. Côté Web, Geoconcept Web 6.0 permettra de filtrer les couches à publier, d’agréger des widgets afin de désencombrer ses pages Web et saura exploiter la géolocalisation du client Web.
L’éditeur mise désormais sur l’international qui prend une part de plus en plus importante dans son chiffre d’affaires, notamment en Asie où il a monté des filiales et remporté de beaux contrats. Les projets nécessitant un accompagnement soutenu semblent également se développer. Citons par exemple Veolia Eau qui devrait déployer une solution mobile pour ses six mille agents développée par Majikan incluant des composants Geoconcept. « Nous attendons 30 % de croissance en 2016, rien qu’avec les contrats déjà signés » anticipe Éric Lanzi.
Jeunes utilisateurs |
Premier prix pour les cheminées d’appartement |
Les GEOchallenges ont vu cette année s’affronter quatorze projets, soutenus par des étudiants sur la base de problématiques fournies par des utilisateurs Geoconcept. Les différences de niveau en termes de connaissances géomatiques étaient énormes, allant des plus néophytes (bravo à l’équipe de l’université de Haute-Alsace qui a fait ce qu’elle a pu pour débroussailler le thème complexe de l’implantation commerciale en ville pour une enseigne à caractère plutôt rural) aux plus aguerris. |
C’est ainsi Julien Le Bouter, étudiant en master 2 de géomarketing à l’IAE Gustave Eiffel qui a remporté le challenge pour l’étude qu’il mène depuis plusieurs mois avec le service marketing de Brisach, qui lance une cheminée à éthanol. Ne nécessitant pas de conduit de cheminée et avec un positionnement clairement « décoration », c’est le genre de produit qui s’adresse à une population assez différente de celle touchée par le réseau actuel de 118 magasins et 17 revendeurs. Pour définir les quartiers à prospecter en priorité, le jeune géographe s’est appuyé sur un scoring des Iris : revenu médian, part des catégories socio-professionnelles supérieures, part des appartements et population en valeur brute sont utilisés pour attribuer une note à chaque Iris, situés par trop loin d’un magasin. Cela a permis d’optimiser la distribution de prospectus dans Nice, première ville de lancement du produit. Mais l’analyse sert également à définir un potentiel des magasins en fonction du nombre d’Iris à fort coefficient situés à proximité et de leur situation dans une zone où d’autres magasins de décoration sont présents (c’est l’effet locomotive). La méthodologie est en cours de déploiement à l’ensemble du réseau. |
Retour d’expérience |
Les officines misent sur le Web |
« On a commencé avec des épingles sur des cartes IGN » note avec humour Justin de Bailliencourt de l’Ordre national des pharmaciens. Après dix ans de mûres réflexions, l’Ordre a finalement opté pour une solution Geoconcept afin de disposer d’une vision plus claire de 56 000 pharmaciens et de leur environnement. C’est donc en compilant des sources différentes que l’ordre a constitué une base de données (INSEE, CNAM, FINESS) qui complète ses propres informations sur les pharmaciens. Toutes les officines ont été géocodées avec plus ou moins de précision (à la commune ou à l’adresse). L’intranet conçu avec Geoconcept Web permet aux responsables régionaux et aux équipes parisiennes de répondre à de nombreuses questions, de préparer des présentations pour leurs différents partenaires publics, d’alimenter leurs rapports, de conseiller leurs membres. L’interrogation est basée sur des filtres et requêtes déjà préparés. Il est ainsi possible, en quelques clics, d’identifier des déserts pharmaceutiques ou des zones en surnombre, de mettre en relation la répartition des officines avec celle des médecins, des maisons de retraites et autres établissements de soin, ou avec celle des personnes âgées. Mais rassurez-vous, aujourd’hui, 95% population française est à moins de vingt minutes d’une officine. |