Une base de données nationale et géolocalisée des défibrillateurs
Catégorie: Cartographie, Données, Grand public, Institutions, Open Data, Reportages, WebMapping
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Lancée officiellement le 27 février, la base de données GéoDAE va permettre de géolocaliser tous les défibrillateurs automatisés externes (DAE). Un bon exemple des nouveaux modes de constitution des geodata.
40 000 à 50 000 personnes meurent chaque année en France à la suite d’un arrêt cardiaque. Avec un taux de survie de 8 %, la France fait partie des mauvais élèves de l’Europe. Pourtant, « l’utilisation du défibrillateur automatisé externe au cours des premières minutes peut porter le taux de survie à 85 %. Il est de 3 à 5 % si rien n’est fait, » rappelait Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées lors d’une audition au Sénat. C’est dire si la mise à disposition de défibrillateurs automatisés externes (DAE) sur tout le territoire est un enjeu fort de santé publique. Désormais, dans le cadre de la loi du 28 juin 2018, une partie des établissements recevant du public (ERP) de catégorie 5 ainsi que tous ceux de catégorie 4 et supérieure doivent s’équiper d’un DAE homologué, facile d’accès, et, le cas échéant, protégé des intempéries. À partir du 27 février, chaque propriétaire devra décrire son ou ses défibrillateurs dans une base nationale, GéoDAE.
Une solution sous Prodige
Après avoir ouvert un compte, le propriétaire devra remplir une soixantaine de champs pour décrire l’équipement, son état de fonctionnement, sa marque, mais également les contacts, horaires d’accès et bien sûr, une localisation précise. « Nous demandons aux propriétaires de localiser leur défibrillateur à l’aide d’une punaise sur la carte interactive, qui retourne l’adresse la plus proche. Ils peuvent ensuite corriger et compléter la localisation par une description textuelle » détaille Xavier Vitry, coordinateur technique du projet GéoDAE et chef de projet AtlaSanté.
L’interface de saisie s’appuie sur AtlaSanté et donc sur la plateforme Prodige. Développée par Alkante, une couche logicielle permet de peupler la base, selon un schéma de données ouvert. Une API a également été développée.
Une constitution qui ne part pas de rien
Mais la Direction Générale de la Santé, qui finance et pilote l’opération, ne part pas de zéro car il existe déjà de nombreuses données. Ainsi, des processus d’import massifs seront mis en place avec les grands propriétaires de DAE, comme la RATP, la ville de Paris ou les services d’incendie et de secours. Il faudra également récupérer et valider les nombreux jeux de données déjà assemblés par des collectivités (voir le résultat de la recherche DAE sous data.gouv.fr). Idem pour celles constituées par des associations, alimentées par des militants, des sauveteurs… qui ont participé au montage du projet. « Nous avons récupéré les 40 000 défibrillateurs référencés par ARLoD, premier opérateur de la communauté secouriste. Les propriétaires ont pu être identifiés pour 70 % d’entre eux, grâce au numéro Siret, explique Xavier Vitry. Un contributeur a fait évoluer le schéma des DAE sous OpenStreetMap pour qu’il soit compatible avec GéoDAE. » Ainsi, chaque jeu de données devra être vérifié et de nombreux doublons devront être éliminés afin d’aboutir à une base unique et validée.
Mise à jour et diffusion collective
Comment vivra cette base ? Comment s’assurer que de nombreuses applications iront bien chercher l’information sur les défibrillateurs dans GéoDAE ? Des processus automatiques enverront des mails à tous les propriétaires qui n’auront pas mis leur fiche à jour pendant deux ans, signe possible que l’appareil n’est pas maintenu. Les opérateurs de maintenance (constructeurs ou intermédiaires) pourront également ouvrir des comptes et mettre à jour les fiches des DAE qu’ils contrôlent.
« Nous avons beaucoup communiqué avec les entreprises, les collectivités, les associations… nous demandons aux citoyens d’être vigilants sur les défibrillateurs qu’ils voient. Avec des associations comme Permis de Sauver ou Les Bons Samaritains, nous avons créé un système technique d’échange via l’API de Prodige » complète Xavier Vitry. L’API va faciliter l’accès à la GéoDAE par toutes sortes d’applications, afin que chacun bénéficie de la dernière mise à jour et des données les plus complètes. Mais elle va également permettre à certaines applications de remonter des erreurs, de signaler de nouveaux équipements.
Une équipe a été constituée pour assurer l’animation de cette base de données. Trois consultants externes à temps plein sont chargés pendant trois ans de contacter les propriétaires, de traiter les messages, d’animer la communauté. De plus, une partie de l’équipe d’AtlaSanté assurera le traitement des doublons et des contrôles qualité. Reste cependant une inconnue : les collectivités et propriétaires d’établissement recevant du public vont-ils s’équiper et prendre le temps de décrire leurs équipements ? Allons-nous aboutir rapidement à un maillage complet et suffisamment dense du territoire ? Le ministère compte sur la pression citoyenne, car aujourd’hui, la loi ne prévoit aucune sanction.
Le site GéoDAE : https://geodae.sante.gouv.fr
Très bien!
Et où se trouve la base des ERP?