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Landsat 8 donne le ton en matière d’accès libre

| 15 septembre 2013 | 0 commentaire

Catégorie: Cartographie, Données, Entreprises, Environnement, Imagerie, Institutions, Open Data, Premium, Reportages, Satellite/Spatial, Secteur public, Sécurité/défense, Services, Uncategorized, WebMapping

L’US Geological Survey (USGS) a débuté la distribution des données Landsat 8 le 30 mai dernier. En deux mois, plus de 106 000 images complètes et plus de 63 000 produits LandsatLook pleine résolution ont été téléchargés. Ces chiffres impressionnants, qui viennent s’ajouter à ceux de la diffusion de l’ensemble de l’archive Landsat (plus de 12,6 millions d’images téléchargées depuis le démarrage de la distribution gratuite en décembre 2008) montrent aussi le développement de deux populations complémentaires d’utilisateurs. L’Europe emboîte le pas, mais traîne à lancer Sentinel.

Pour une fois, les cordonniers ne sont pas les plus mal chaussés. L’USGS s’est en effet mobilisé pour les utilisateurs scientifiques, qui restent dominants, car les données Landsat demeurent une source fondamentale dans de multiples projets environnementaux. Pour ces utilisateurs, qui attendaient des images de qualité parfaite depuis dix ans (date de la panne de Landsat 7), l’USGS propose de multiples nouveaux services pour faciliter l’accès à l’ensemble des bandes spectrales et aux données sur 16 bits. Les images diffusées au niveau 1 sont disponibles 24 heures après leur acquisition via divers portails. Le canal Quality Assessment s’avère très utile pour sélectionner la bonne image et repérer des défauts auparavant non détectables avant traitement complet des images. L’USGS propose également divers outils permettant de maîtriser la calibration et d’exploiter l’ensemble des métadonnées tant dans le domaine visible et proche infrarouge (en réflectance ou en radiance) que dans le domaine de l’infrarouge thermique (en température).

Parmi les nouveaux outils bien utiles de Landsat 8, un canal permettant de détecter les nuages d’altitude (ici, des cirrus sur la mer d’Aral, invisibles sur la composition colorée) (©NASA Goddard/Landsat/Michael Taylor)

Parmi les nouveaux outils bien utiles de Landsat 8, un canal permettant de détecter les nuages d’altitude (ici, des cirrus sur la mer d’Aral, invisibles sur la composition colorée) (©NASA Goddard/Landsat/Michael Taylor)

Les néophytes bien servis également

Mais l’USGS s’adresse également à une nouvelle population, séduite par une donnée plus simple et directement intégrable dans ses applications thématiques. LandsatLook propose des produits à pleine résolution mais compressés en JPEG. Trois produits sont systématiquement fournis : LandsatLook “Natural Color” Image qui est une composition colorée en « couleurs naturelles » des canaux 6, 5 et 4, LandsatLook Thermal Image qui est une image noir et blanc de température issue du canal 10, ainsi que LandsatLook Images with Geographic Reference qui propose les deux produits précédents avec les fichiers GDAL et Esri permettant de les intégrer dans la plupart des SIG. Le portail dédié, LandsatLook Viewer, développé avec Esri offre un téléchargement plus rapide et plus simple que les portails complets Glovis et Earth Explorer. Mais l’accès via Google Earth (qui nécessite le téléchargement d’un kml – malheureusement bien discret sur le site USGS – cliquez sur le bouton « tools » et il apparaîtra tout en bas au milieu des outils pour scientifiques) permet à l’utilisateur, même non initié, d’analyser la séquence temporelle d’images disponibles sur sa zone d’intérêt de façon très intuitive.

LandsatLook Viewer facilite le téléchargement des images Landsat et leur intégration rapide dans un SIG.

LandsatLook Viewer facilite le téléchargement des images Landsat et leur intégration rapide dans un SIG.

Au total, après trois mois, tout n’est pas encore parfait. Il reste de petits artefacts qui ne seront corrigés qu’après la fin de la calibration complète. Et bien sûr, dans la collection d’images acquises depuis avril, il n’y a pas encore une couverture sans nuages de l’ensemble du globe. Mais la qualité des images et l’effort de l’USGS sur leur traitement et leur distribution définissent clairement un nouveau standard dans la famille « données gratuites ».

Une ouverture qui déteint sur l’Europe

©ESA–P. Carril

©ESA–P. Carril

Et c’est dans cette famille que l’Union européenne a définitivement confirmé vouloir s’intégrer avec les données Sentinel. Malgré les protestations de certains industriels, la distribution des données sera libre et gratuite. Il ne reste plus qu’à lancer les satellites. Mais, de ce point de vue, les retards sont confirmés. Sentinel 1A (qui permettra enfin de retrouver les capacités radar perdues depuis la mort d’Envisat en avril 2012) ne sera lancé à Kourou qu’au 1er trimestre 2014. Et Sentinel 2A, qui proposera des données optiques complémentaires de celles de Landsat 8 ne sera lancé que fin 2014.

Mais l’Europe a des atouts originaux. Le 5 juin dernier dans le cadre du colloque Big Data From Space organisé par l’agence spatiale européenne (ESA) à Frascati, DMCii et Spacemetrics ont démontré leur capacité à diffuser une image acquise par UK-DMC en 11 minutes chrono. Cette démonstration réalisée dans le cadre du projet Near Real Time Geoannotated Imagery préfigure les services d’urgence futurs permettant de mettre à la disposition des utilisateurs l’information sous une forme utilisable dans leurs systèmes en quelques minutes.

e-Geos a été retenu en juillet 2013 pour assurer, depuis sa station de Matera, les services d’acquisition et de traitement des données Sentinel 1A et 2A. Certes au niveau du cadre de travail, entre le golfe de Tarente en Italie et Sioux Falls dans le Dakota du Sud, il n’y a pas photo. Mais techniquement, l’USGS a placé la barre très haut.

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La continuité toujours en question

Le nouveau rapport publié le 8 août 2013 par le National Research Council Landsat and Beyond: Sustaining and Enhancing the Nation’s Land Imaging Programattire une fois de plus l’attention de l’administration américaine sur le manque de continuité de ses efforts et les dommages qu’une vision « purement » budgétaire ont déjà causés. Les discussions sur Landsat 9 sont difficiles pour les agences fédérales NASA et USGS dans cette période de « séquestration » budgétaire. L’idée qui prévaut actuellement serait de construire simultanément deux satellites pour résoudre le problème de la continuité des observations au minimum pour quinze ans.

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De nouveaux acteurs aux objectifs parfois nébuleux

À côté des acteurs traditionnels gouvernementaux (États-Unis, Union européenne, Japon, Inde…) ou commerciaux (l’anglais DMCii ou l’espagnol DEIMOS Imaging) de nouveaux entrants annoncent des capacités « différentes ».

Le 26 juin, l’américain Planet Labs a officiellement annoncé le lancement en décembre 2013 ou début 2014 de la constellation Flock-1 (28 microsatellites Cubesat d’observation mis en orbite simultanément) suite à la réussite de la mission expérimentale Dove en avril 2013. Le mot d’ordre de Planet Labs « Open Data About Our Changing Planet » place clairement cette initiative privée dans une logique citoyenne (les fondateurs sont des anciens de la NASA) mais le modèle économique et les modes d’accès aux informations après le lancement restent pour l’instant assez nébuleux.

Encore plus space, en octobre prochain, une mission cargo russe qui dessert la station spatiale internationale acheminera les instruments UrtheCast (prononcez Earthcast) qui seront fixés sur la station et diffuseront en 2014 des images des zones survolées par la station. Le mot d’ordre est cette fois-ci « See the story of Earth, in HD ». Là encore, les vidéos de présentation du projet vont du sérieux au grotesque mais si les instruments sont satellisés, c’est que des spécialistes du domaine et des financiers ont jugé l’investissement crédible. Seul le fonctionnement au quotidien de ces projets permettra de faire le tri.

Thierry Rousselin
GEO212

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