Les dessous d’une carte
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Le 26 novembre 2015, le Conseil national de l’ordre des médecins publiait la quatrième édition de ses atlas régionaux. L’occasion de rappeler que les territoires ne sont pas homogènes en matière d’offre de soins de premier recours, que les déserts médicaux ne concernent pas que les zones rurales et de tordre le cou à certaines idées reçues.
Le Conseil national a sorti son premier atlas national en 2007, complété dès 2009 par des atlas régionaux, qui descendent à l’époque à l’échelle départementale. C’est en 2011 qu’ils sont proposés pour la première fois à l’échelle du bassin de vie (et des arrondissements sur Paris, Lyon et Marseille), un espace pertinent en matière de consommation de santé et de soins. « Les sources internes de l’Ordre sont une mine d’informations qui nous renseignent sur le parcours professionnel des médecins inscrits à l’Ordre, explique Gwénaëlle Le Breton-Lerouvillois, l’auteure de ces atlas, réalisés sous MapInfo. Mais il est difficile de descendre à une échelle plus fine pour des raisons de confidentialité. » La géographe de la santé utilise également d’autres bases de données (INSEE, FINESS). « Pour intégrer les infirmiers libéraux, c’est plus complexe et nous avons dû nous appuyer sur les Pages Jaunes. » Au total, ce sont plus de 50 millions de chiffres qui sont rassemblés, avec des analyses très fines sur les choix d’installation, l’évolution de la démographie médicale en lien avec celle de la population, le poids des médecins formés hors-France, etc. Une analyse multicritère permet d’établir une typologie des bassins de vie selon les densités et les variations des effectifs de médecins généralistes. La densité des autres professionnels de santé ainsi qu’un certain nombre de variables démographiques (personnes âgées, chômeurs, ouvriers/employés et variation de population) complète l’approche. L’échelle des bassins de vie met en évidence des contrastes à l’intérieur même de régions qui semblent a priori favorisées.
Des atlas largement diffusés
Les atlas fournissent un état des lieux utile à l’Ordre ainsi qu’à ses conseils départementaux qui travaillent régulièrement avec les ARS et les facultés de médecine. Ils sont mis en ligne sous forme de documents PDF sur le site de l’Ordre. Une cartographie interactive de la démographie médicale est également disponible, qui détaille les effectifs par spécialités aux échelles régionale et départementale.
Le Conseil national de l’ordre a signé une convention de partenariat avec l’Assurance maladie qui permettra sans doute d’affiner l’identification des territoires en difficulté. Les premiers travaux sont attendus à l’échelle nationale dès 2016.
Sébastien Letélié : un hacker au service de la santé |
Représentant européen de Hacking Health, Sébastien Letélié a mis en place les premiers hackathons en France autour des données de santé. Il a participé activement à celui organisé par Etalab et l’Assurance maladie lors de la publication de la base DAMIR. « Il s’agissait surtout de mieux connaître le jeu de données, mais aucune application n’en est sortie. » À ses yeux, les données géographiques sont importantes mais le sujet est peu visible. Et il reste encore du travail pour les libérer et les exploiter au mieux : « Pour développer des applications, il manque encore des données. Dans le domaine des transports, l’information qui serait vraiment utile aux Samu, aux ambulanciers, ce n’est pas seulement de savoir où est l’hôpital le plus proche mais où sont les lits disponibles. » Les systèmes d’information des hôpitaux sont loin d’être prêts à fournir ce genre d’information. Chaque service remplit ses fiches sans agrégation générale à l’échelle de l’établissement et sans fourniture d’API qui permettrait de récupérer des flux en temps réel. Le hacker ne manque pas d’idées d’applications intégrant la géographie : trouver une maison de retraite, se repérer dans un hôpital. Il travaille également avec CreativeData pour créer un jeu de données rassemblant l’ensemble des données ouvertes dans le domaine de la santé (dont celles d’AtlasSanté) afin de les rendre « developper friendly ». |
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