L’observatoire national des risques naturels en ligne
Catégorie: Cartographie, Données, Environnement, Grand public, IDG/IDS, INSPIRE, Institutions, Premium, Reportages, Secteur public, Sécurité/défense
À l’occasion de la première rencontre de son comité d’utilisateurs, qui s’est tenue fin mars à Paris, l’Observatoire national des risques naturels (ONRN) a pris un tour plus concret. C’est en effet ce même jour qu’a été lancé son portail Internet : www.onrn.fr. Un site où chacun peut retrouver de multiples informations et découvrir quelques indicateurs originaux qui permettent de quantifier aussi bien les enjeux économiques, les dommages que l’avancement des mesures de prévention.
Il aura fallu Xynthia pour que le projet d’observatoire national des risques naturels puisse voir le jour. Le passage de la tempête et les nombreuses polémiques qui ont suivi ayant alors révélé « l’absence d’une vision globale, homogène, exhaustive et multipérils de l’exposition de notre pays aux aléas naturels » comme n’a pas manqué de le rappeler Bernard Spitz, président de la fédération française des sociétés d’assurances, initiateur du projet, lors de l’ouverture de la journée du 28 mars.
Un observatoire qui souhaite rassembler
Créé officiellement deux ans après la tempête (le 3 mai 2012), l’ONRN associe les acteurs privés du monde de l’assurance (Mission risques naturels et CCR, la caisse centrale de réassurance) et l’État (ministère de l’Écologie et du Développement durable). La gouvernance mise en place comporte plusieurs niveaux et devrait permettre d’y intégrer des collectivités, des producteurs de données (observatoires territoriaux, établissements publics) ainsi que des universitaires et professionnels divers. Et ce sont un peu plus de cent cinquante personnes qui sont venues participer aux premières rencontres de l’observatoire. Un vivier que l’AFCPN (association française pour la prévention des catastrophes naturelles), en charge de l’animation du comité des utilisateurs, espère bien mobiliser pour permettre à l’observatoire de s’enrichir et de répondre au mieux aux besoins des professionnels et du grand public.
Car le site Internet, s’il donne à voir la démarche, n’en est qu’à sa première pierre. Accessible à tous (mais plutôt destiné aux professionnels), il permet d’accéder à un annuaire des acteurs, à un catalogue des bases de données publiques, à des ressources documentaires ainsi qu’à quelques indicateurs présentés à l’échelle communale. Le recensement des données et des acteurs permet ainsi de retrouver, en un seul point d’accès, des informations jusqu’à présent assez éparses. Pourtant, même avec plus de 250 noms, l’annuaire des acteurs demande à être complété. Même remarque pour les données, services et sites référencés, qui sont répartis par catégories : aléas, observatoires, enjeux et vulnérabilité.
Des indicateurs originaux
Si la partie cartographique est rudimentaire dans son interface (un serveur MapServer, un fond GeoFLA avec une interface minimaliste de navigation), elle permet de découvrir seize indicateurs synthétiques, qui, pour la première fois, permettent de faire le lien entre les aspects économiques et réglementaires des inondations. Il est le fruit d’un travail collectif mené par la CCR (développement du portail), le ministère (hébergement et maintenance) et la MRN (animation, alimentation du site).
Cette première série d’indicateurs s’appuie notamment sur des synthèses déjà effectuées par les trois fondateurs. Chacun est présenté sous forme d’une fiche descriptive complète, qui détaille notamment sa genèse et ses limites d’utilisation, une fiche de métadonnées INSPIRE, une table de données communales en format Excel et une visualisation cartographique.
L’utilisateur y trouvera des informations sur la sinistralité des communes (combien de reconnaissances en régime CatNat, coût moyen et cumulé des sinistres, fréquence), sur les enjeux (entreprises, bâtiments et populations en zones inondables avec parfois la distinction entre les enveloppes approchées des inondations potentielles – EAIP et les zonages des atlas de zones inondables) ainsi que sur l’état d’avancement des plans de prévention des risques (PPRI).
Un premier pas
« Nous espérons mettre en ligne une deuxième version dès la fin de l’année, qui pourra utiliser les fonds du Géoportail par exemple, et qui ira plus loin dans les indicateurs, grâce aux retours des comités d’utilisateurs, précise Roland Nussbaum, directeur de la MRN. Pour l’instant, nous ne traitons que le risque inondation, mais nous souhaitons intégrer rapidement les autres risques, notamment la sécheresse, qui peut être importante en France. »
Si les résultats de cette première année de travail de l’observatoire peuvent sembler modestes (les indicateurs ne sont présentés qu’à la commune, ils ne concernent que l’inondation, le réseau des observatoires territoriaux souhaité est encore loin d’être une réalité…), il ne faut pas s’y tromper. Rassembler dans un même tableau de bord des données issues du monde très privé de l’assurance et la synthèse des nombreuses données publiques est un exploit en soi, qu’il est important de saluer.