Le Mobiliscope : population présente et mixité sociale heure par heure dans 10 000 communes françaises
Catégorie: Cartographie, Communiqués, Données, Open Data, Recherche, WebMapping
- Le Mobiliscope montre de manière visuelle comment évolue la composition sociale d’une ville ou d’un quartier au cours de la journée, grâce aux données d’enquêtes de déplacement.
- Doté d’une nouvelle interface et de nouvelles fonctionnalités, il intègre désormais 49 agglomérations françaises et leur périphérie, couvrant ainsi 65 % de la population.
- Outil de science ouverte disponible en français et en anglais, il répond aux besoins des différents profils d’utilisateurs, notamment ceux des acteurs locaux souhaitant agir « au bon endroit, au bon moment ».
Ce quartier est-il plus fréquenté en journée par les cadres supérieurs ou par les ouvriers ? Par les femmes ou par les hommes ? Quel est le mode de transport le plus utilisé pour se rendre dans le centre-ville en journée ? Quelles seraient les heures d’ouverture des services publics les plus adaptées aux populations présentes, qui sont autant d’éventuels utilisateurs ? En cartographiant heure par heure la population présente et ses caractéristiques démographiques et sociales, l’outil de géovisualisation Mobiliscope fournit des éléments de réponse à ce type de questions. 65 % de la population française est désormais couverte par sa nouvelle version, repensée pour répondre aux besoins des acteurs et actrices de la ville, de l’aménagement et des mobilités. Développé par une équipe du CNRS1, le Mobiliscope utilise des données du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) et bénéficie du soutien de l’Agence nationale de la cohésion des territoires.
La composition sociale d’un quartier ne se réduit pas au profil des personnes qui y passent la nuit. C’est ce que le Mobiliscope donne à voir, en cartographiant heure par heure la population présente dans les quartiers et en mesurant la ségrégation dans les villes au cours de la journée. Scientifiques et acteurs publics peuvent ainsi observer des phénomènes de gentrification ou paupérisation au quotidien, qui seraient invisibles s’ils s’en tenaient aux seuls lieux de résidences, mais aussi faire coïncider les temporalités de l’action publique avec celles des populations et des territoires.
Dans sa nouvelle version, 26 territoires français métropolitains et ultramarins (Martinique et Réunion) sont ajoutés aux 23 territoires français et aux 6 territoires québécois déjà présents. En France, l’outil couvre ainsi 10 000 communes dans lesquelles réside 65 % de la population du pays. Le Mobiliscope utilise et transforme des données concernant 2 528 000 déplacements réalisés par 792 000 personnes interrogées au cours de vastes enquêtes publiques. En France, ces enquêtes sont commandées par les collectivités, tous les 10 ans environ, et réalisées selon une méthodologie standardisée du Cerema (sauf pour l’Île-de-France)2. Contrairement aux données de téléphonie mobile, elles fournissent non seulement des informations sociologiques (âge, sexe, catégorie socio-professionnelle) mais aussi les motifs de déplacement et les modes de transport utilisés.
À travers le Mobiliscope, de grandes tendances se dégagent pour toutes les agglomérations couvertes par l’outil3 : la parité hommes-femmes dans les quartiers diminue fortement en journée, avec des zones qui deviennent majoritairement féminines et d’autres majoritairement masculines, en lien avec le volume, la localisation et les horaires des activités (professionnelles et domestiques) auxquelles les deux sexes sont inégalement assujettis. Quant à la ségrégation sociale observée au niveau résidentiel, elle se reproduit au cours de la journée en dépit (ou justement à cause) des déplacements quotidiens : les plus riches et les plus pauvres demeurent en journée les groupes sociaux pour lesquels l’entre-soi est le plus fort, au contraire des classes moyennes systématiquement plus dispersées sur le territoire que ce soit la nuit ou le jour.
Outre cette extension géographique, une importante refonte de l’interface et de nouvelles fonctionnalités répondent aux besoins des différents profils d’utilisateurs : spécialistes de politiques publiques et d’aménagement du territoire, scientifiques, monde de l’éducation, grand public. La nouvelle version permet par exemple d’identifier les habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville4. Autre nouveauté : une couche OpenStreetMap permet désormais de se repérer plus facilement dans la carte interactive et de localiser les bâtiments publics ou autres équipements (universités, hôpitaux, zones d’activités, etc.) pouvant expliquer les rythmes quotidiens des territoires.
L’outil est proposé depuis ses débuts sous licence libre. Poursuivant son engagement pour une science ouverte, le Mobiliscope met désormais à disposition sous licence libre les jeux de données françaises agrégées par les géographes et géomaticiennes qui ont conçu l’outil.
Consulter le Mobiliscop
- Accès libre directement sur https://mobiliscope.cnrs.fr
Notes
- Au laboratoire Géographie-cités (CNRS/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/EHESS/Université de Paris).
- Les données de la plupart des enquêtes françaises sont diffusées par les Archives de données issues de la statistique publique (Adisp), un dispositif développé au sein de la Très grande infrastructure de recherche Progedo (CNRS/EHESS), et sont accessibles à l’ensemble de la communauté scientifique.
- Les enquêtes prises en compte datent d’avant la crise du Covid-19.
- Ce terme désigne les 1 500 territoires d’intervention des politiques de cohésion urbaine et de solidarité (« politique de la ville ») avec comme critère de délimitation la concentration résidentielle des ménages à bas revenus.
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