OpenStreetMap : la banalisation sans la banalité
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Près de trois cents personnes se sont retrouvées à Clermont-Ferrand du 20 au 22 mai pour le quatrième State of the map (SOTM), rassemblement annuel de la communauté OpenStreetMap (OSM). Pendant trois jours, les présentations, ateliers et animations se sont succédé à un rythme effréné. Les initiatives se multiplient, les projets ne manquent pas, et l’hybridation est de règle.
Le potentiel solaire des toitures, les défibrillateurs, les arrêts de transports en commun… ne sont que quelques-uns des nombreux projets et initiatives qui ont été présentés lors du dernier SOTM français.
Soutien institutionnel
Avec une soixantaine d’interventions, le rassemblement a pris une nouvelle dimension, désormais soutenu par de nombreuses entreprises et institutions. C’est ainsi Michelin qui a ouvert la conférence. Après l’expérience du plan de Clermont-Ferrand réalisé en 2013 avec OSM, Philippe Sablayrolles reconnaît que la base mondiale est aujourd’hui sérieusement étudiée par le service cartographique, qui a bien l’intention de s’en servir dans certains guides. Parmi les autres sponsors de la conférence, il y a bien sûr les entreprises liées au libre qui proposent des outils exploitant les données OSM comme Mapotempo, OpenDataSoft, Carto’CITÉ, Makina Corpus, Jawgmaps (anciennement Mapsquare), CartoDB, 3Liz, Camptocamp, Veremes. Mais il y a également Esri, Kisio Digital (la filiale informatique de Keolis) et la SNCF, preuve de l’intérêt porté à la base de données communautaire par les entreprises « traditionnelles ». OSM est désormais considérée comme une plateforme de services et de données pérenne, capable de nourrir des applications exigeantes dans des contextes industriels : tuiles raster et vectorielles, services de géocodage, de calcul d’itinéraires, intégration dans un SIG, cartographie mobile… tout est possible. C’est sous les applaudissements que François Perrussel-Morin, directeur régional de l’IGN et Christian Quest, président d’OSM France ont signé une convention autorisant les contributeurs à exploiter les flux de la BD Ortho pour la saisie de données.
La fin de la communauté de l’anneau
La communauté OSM ressemble de moins en moins à un petit groupe d’avant-gardistes mobilisés pour produire des données géographiques ouvertes. Le militantisme n’a rien perdu de sa vigueur, mais les idées ont percolé et OSM est devenu l’un de ces « communs numériques » emblématiques au même titre que Wikipedia, comme l’a rappelé l’économiste Benjamin Coriat. Les géomaticiens travaillant en collectivité locale sont loin d’être tous des contributeurs actifs et le cas de la communauté de communes des Pays de Rhône et Ouvèze (Orange) reste exceptionnel. Mais c’est désormais l’hybridation qui est de mise entre pratiques amateurs professionnelles, comme le montre l’analyse des contributeurs menée par le laboratoire Passages dans le cadre du projet Ecce Carto, qui révèle que les contributeurs ont un haut niveau de diplômes, sont majoritairement cadres dans l’informatique ou dans des postes liés au territoire.