PCRS Image : l’IGN couvrira 6 départements en 2020
Catégorie: 3D, Cartographie, Données, Entreprises, Institutions, Matériel/GPS, Reportages, Réseaux/Transports, Secteur public
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Désormais doté d’un mandat officiel de référent national, et s’appuyant sur l’expérience acquise avec le Morbihan, l’IGN entre en phase active sur le PCRS*, et multiplie les partenariats. Mais le chantier est aussi sensible que complexe.
« Nous sommes là pour favoriser la convergence entre les différents acteurs du PCRS ainsi que la production, précise Claude Pénicand, directeur de la stratégie de l’IGN. Mais c’est un rôle à tiroir qui tient compte des situations locales ». Effectivement, tous les territoires ne feront pas appel à l’IGN, comme l’ont montré les présentations de l’atelier PCRS organisé pendant les GeoDataDays 2019. Lancement et animation de la dynamique partenariale, financement, conseils, réalisation du PCRS image et de travaux photogrammétriques, contrôle qualité, diffusion… l’IGN peut accompagner les territoires qui le souhaitent à plusieurs niveaux, mandat officiel en main. Mais il devra veiller à ne pas distordre la concurrence avec une filière industrielle qui voit d’un mauvais œil l’institut arriver sur la très haute résolution.
Orthophotographies « vraies » et PCRS image
Car de nombreuses solutions techniques sont possibles, qui ont toutes leurs avantages en fonction de la forme recherchée (vecteur ou image), du territoire couvert et des usages envisagés, au-delà du PCRS. Ainsi, des expérimentations se multiplient en mobile mapping, en levés de terrain, en photogrammétrie après acquisition d’images par drones… Dans ce panel technique, les orthophotographies aériennes à très haute résolution et précision (orthos « vraies »), peuvent fournir un fond de base sur de grands territoires.
Une solution de choix pour l’IGN, testée dans le Morbihan. Aux côtés du département, des agglomérations, des syndicats d’énergie et des gestionnaires de réseaux, l’institut a assuré la production d’une orthophotographie à 5 cm de résolution (et 10 cm de précision absolue) sur le sud du département. En se chargeant du PCRS Image, l’IGN apporte également sa contribution financière, qui peut aller jusqu’à 20 % en cas de production conjointe de l’orthophotographie à 5 cm et à 20 cm. Côté diffusion, le Géoportail, puis la Géoplateforme (quand celle-ci sera en fonctionnement), serviront de plateforme nationale, afin de regrouper toutes les productions éditées en open data.
Des défis techniques
L’expérience du Morbihan ne fut cependant pas de tout repos, car construire une orthophotographie adaptée aux besoins du PCRS (identification des bords de trottoir, des affleurants, des bas d’immeubles…) sur de vastes territoires s’avère complexe. Il a fallu renoncer aux caméras « maison » pour s’appuyer sur la nouvelle Ultracam Eagle M3 de Vexcel (qui triple le nombre de pixels par cliché), couplée aux acquisitions Lidar afin d’assurer une orthorectification de haute précision. Les campagnes de prises de vues prennent du temps, compte tenu de la résolution et du taux de recouvrement exigés. La question des dates de campagne reste affaire de compromis car il faut à la fois minimiser les ombres (ce qui milite pour des acquisitions printanières ou estivales) et la végétation (qui oriente plus vers un vol hivernal). De plus, la mutualisation avec les acquisitions destinées à la BD Ortho HR (20 cm) reste limitée. L’idée de déduire une orthophotographie à 20 cm des prises de vues à 5 cm a fait long feu, et les campagnes PCRS se contenteront de fournir des points d’appui. En revanche, les nuages de points serviront, eux, à l’amélioration des modèles numérique de terrain et à l’orthorectification d’autres missions. « Nous essayons de pousser au rapprochement entre départements, afin d’optimiser les créneaux météo » complète Nicolas Lambert, responsable des partenariats à l’IGN.
Un vaste chantier
Il faudra deux campagnes différentes (programmées sur deux saisons) pour assurer la couverture de chacun des six départements programmés pour 2020 (La Haute-Garonne, l’Ille-et-Vilaine, la Saône-et-Loire, les Deux-Sèvres, La Vienne et l’Yonne). En comptant environ 45 000 clichés par département, plus le nuage de points… le volume de données à traiter, à contrôler, à assembler se compte désormais en Pétaoctets à l’échelle du pays. Même s’il fait évoluer ses outils de traitement et de production, même équipé de nouvelles caméras, l’IGN ne pourra pas assurer seul la production. Un appel d’offres est en cours pour sous-traiter deux départements. « L’appel d’offres que nous lançons va nous permettre de tester nos capacités industrielles », prévient Claude Pénicand. La France a-t-elle les ressources techniques nécessaires pour produire au moins un PCRS image sur l’ensemble de son territoire d’ici 2026 ? La question mérite d’être posée.
* PCRS : Si vous avez loupé les épisodes précédents :
Afin de limiter les accidents lors d’interventions sous la chaussée, les réseaux enterrés doivent être connus avec précision. Le plan de corps de rue simplifié (PCRS) va permettre aux différents opérateurs de réseau de s’appuyer sur un même référentiel (au mieux un plan vectoriel, sinon une orthophotographie à très haute précision et résolution fera l’affaire), essentiel pour assurer une vision globale de tous les réseaux. Ainsi, d’ici 2026, toutes les demandes de travaux devront s’appuyer sur ce référentiel, qui reste encore très largement à construire, sous la responsabilité des collectivités locales.
En juillet 2018, l’IGN a annoncé sa volonté de devenir « facilitateur » pour le PCRS à l’occasion des GeoDataDays. Depuis, il a accompagné le Morbihan afin de produire un PCRS image sur le sud du département ainsi que sur Vannes et Lorient, une expérience présentée lors des GeoDataDays 2019. En juillet, l’institut a été officiellement mandaté par la Direction générale de la prévention des risques (DGPR) du Ministère de la Transition Écologique et Solidaire en tant que référent national pour le déploiement du PCRS sur tout le territoire.
A l’heure du nouveau COP, les tutelles ne savent toujours pas quelles missions et quels moyens donner à l’IGN…alors surfons sur le PCRS.