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Pour une urbanité numérique

| 15 décembre 2014 | 0 commentaire

Catégorie: 3D, Données, Entreprises, Environnement, Institutions, Marché, Mobilité, Open Data, Reportages, Réseaux/Transports, Secteur public, Utilisateurs

Bernard Stiegler (©Ars Industrialis)

À l’occasion du troisième séminaire organisé par le PUCA sur la ville intelligente début novembre, le philosophe Bernard Stiegler s’est interrogé sur la nouvelle condition territoriale engendrée par le numérique. Dans un monde où ce dernier s’avère plus aliénant que libérateur et où tout doit être réinventé, les territoires sont à ses yeux des espaces d’expérimentation à préserver.

Rien ne va plus dans notre société numérique ! D’ici une à deux décennies, les robots auront remplacé les humains et l’emploi salarié ne sera plus qu’un vague souvenir. Les technologies du big data concurrencent notre liberté individuelle (et notre citoyenneté, notre « urbanité ») pour nous guider vers des systèmes « ultra-moutonniers » où tout est orienté. Plus besoin de linguistes, de biologistes… mais seulement de data scientists. Le Web ouvert inventé au CERN il y a quarante ans, a depuis longtemps laissé la place à un espace ultra-commercial.

Échapper aux automatismes imposés par l’automatisation

« C’est dans ce contexte qu’émerge la smart city » note le fondateur d’Ars Industrialis. S’il est inutile de lutter contre les technologies d’automatisation, il est important que les collectivités se les approprient pour développer une politique d’intelligence collective. Car si l’être humain apprend avant tout en intégrant des automatismes psychiques, sociaux et techniques, il produit de la valeur et de la nouveauté lorsqu’il échappe à ses propres automatismes. Comme le pianiste qui s’extrait de la technique musicale pour nous livrer une interprétation géniale, comme le pilote de Formule 1 capable de prendre une décision en un millième de seconde alors qu’il est lancé à 380 km/h, nous devons apprendre « à intégrer les automatismes imposés par le numérique en vue de faciliter la désautomatisation ». Pour Bernard Stiegler, c’est à ce prix que pourra se développer une véritable urbanité numérique, une nouvelle citoyenneté à l’heure des capteurs et du big data. Mais cela implique de penser de façon dé-sectorisée, d’avoir une vision globale. C’est pourquoi il mise sur les territoires (« ces espaces où existe une autorité reconnue »), qui peuvent devenir de formidables terrains d’expérimentation, des territoires-école. À l’encontre des géants du Web, ultralibertariens, qui se cachent derrière la fable du contre-pouvoir et du saint « bottom-up », Bernard Stiegler défend une dynamique permanente entre l’ascendant et le descendant, quand ce dernier n’est pas vécu comme une hégémonie. Il prend pour exemple l’expérimentation menée avec Jean-François Caron, le maire de Loos-en-Gohelle dans le Pas-de-Calais. Si ce dernier a établi un partenariat avec Orange pour installer des capteurs, « ce n’était pas pour réguler tous les flux » mais bien pour « servir de base de discussion avec la population », pour expérimenter de nouvelles pratiques sociales et démocratiques.

 

  • Bernard Stiegler, philosophe, docteur de l’École des hautes études en sciences sociales, est président de l’association Ars Industrialis, directeur de l’Institut de recherche et d’innovation du Centre Georges Pompidou, professeur à l’université de Londres (Goldsmiths College), professeur associé à l’université de technologie de Compiègne et enseigne à l’école polytechnique de Zurich. Il est l’auteur de nombreux ouvrages.
  • Pour accéder directement au document préparatoire « L’art d’augmenter les villes », suivez ce lien.

 

Gouverner la ville par les données

Pour IBM, les données sont bien au cœur de la ville intelligente (schéma extrait de www.ibm.com/smarterplanet)

Pour IBM, les données sont bien au cœur de la ville intelligente (schéma extrait de www.ibm.com/smarterplanet)

Les données sont au cœur de la ville intelligente. Qu’elles soient collectées par les différents réseaux de capteurs techniques (compteurs intelligents, capteurs de pollution, de remplissage des points d’apport volontaire…) ou fournies par les humains (déplacements…), elles sont un maillon essentiel de pilotage du territoire. Elles interviennent bien sûr dans sa gestion quotidienne et opérationnelle, si tant est que les nombreux systèmes existants communiquent entre eux, ce qui est encore loin d’être le cas partout, comme a tenu à le rappeler Jean-Luc Sallaberry de la Fédération nationale des collectivités concédantes et en régie (FNCCR). Favoriser la mutualisation des données passe bien sûr par l’interopérabilité technique et par un rôle clairement assumé des collectivités, qui doivent avoir accès aux données collectées par leurs prestataires et développer des compétences de gestionnaire local des données numériques afin d’agir en tant que tiers de confiance. Mais les données sont également utiles au pilotage stratégique. Philippe Sajhau, qui dirige le programme Smarter City chez IBM, ne manque pas d’exemples. La seule mesure des déplacements réels de 500 000 habitants d’Abidjan pendant cinq mois a permis de redéployer le réseau de transport en commun de la capitale et d’améliorer le taux de remplissage des bus.

 

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