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Une grande débrouillarde au service des plus petits

| 16 mai 2016

Catégorie: Grand public, Portraits

WEB-177-portrait-melis1Pour passer de la géomorphologie marine à l’animation scientifique auprès des plus jeunes en tant que coordonnatrice dans l’association Les petits débrouillards, Susanna Melis a fait un bref détour par la géomatique. Portrait d’une Italienne débordante d’énergie qui a toujours refusé la fatalité des parcours tout tracés.

Petite, elle rêvait d’être architecte et de restaurer des bâtiments anciens. Élevée dans un quartier populaire de Sardaigne, Susanna Melis a dû se rendre rapidement à l’évidence : elle allait devoir se battre ! « Nos professeurs nous expliquaient que nous ne ferions rien de notre vie car nous étions nés dans un quartier défavorisé, se souvient-elle. Ils avaient une vision caricaturale. Mon père, par exemple, malgré sa situation modeste, nous emmenait au musée et lisait beaucoup de livres. » Pas de fatalité donc, mais une réalité contraignante : il n’y a pas d’enseignement d’architecture en Sardaigne. Du coup, la jeune femme se tourne vers la géologie pour faire de la géomorphologie sous-marine appliquée à l’archéologie, un cursus qu’elle peut suivre à l’université de Cagliari. Un cursus qui lui fait découvrir la géographie, l’impact des activités humaines sur les paysages, la photo-interprétation, et qui lui permet de s’adonner au bonheur des fouilles archéologiques et de la plongée sous-marine.

Premier séjour à Paris

Insulaire, mais nomade dans l’âme, elle débarque à Paris en 1995 pour faire un DEA au Museum d’histoire naturelle. Elle enchaîne avec une thèse sur les variations du niveau de la mer sur un site de Sardaigne grâce à une allocation de recherche italienne. Susanna jongle entre Paris, la Sardaigne et les États-Unis où vit son compagnon, un Sicilien aussi nomade qu’elle. En 2001, elle soutient finalement sa thèse à l’université de Gènes. Mais la peur de ne pas avoir un CV parfait la pousse à s’inscrire en parallèle à l’École des hautes études en sciences sociales au laboratoire de téléanalyse : espace et société (LATES). « Si j’ai toujours été très bonne en photo-interprétation et adoré dessiné des cartes, en télédétection, j’ai dû me confronter à des méthodes mathématiques qui me dépassaient » avoue sans peine Susanna Melis. Quelques semaines avant la soutenance, elle entame une vacation dans un collège à Rambouillet en SVT. « Par chance, les enfants m’ont tout de suite adoptée, je crois que mon accent et mon côté enfantin leur permettaient de s’identifier. Comme j’étais en difficulté à l’écrit, je leur ai demandé de faire des exposés oraux, des bibliographies, de jouer les chercheurs… ils ont adoré. » Susanna décroche ensuite un poste d’ATER (attaché temporaire d’enseignement et de recherche) à mi-temps à Paris VIII au département de géographie. « J’aimais beaucoup être avec les plus jeunes, les aider à prendre confiance en eux, les emmener sur le terrain. » Avec eux, elle fabrique des plans en relief en liège dans « une approche à la fois scientifique, manuelle et artistique. »

Passage en géomatique

En 2005, quand elle se sépare de son compagnon, elle admet que la géo-archéologie ne lui permet pas de gagner sa vie. Elle a déjà 36 ans, décide de changer de vie et de retourner sur les bancs de l’école : « J’aimais la géographie, la géomatique était un secteur très porteur. » La voilà donc à Montpellier pour une année de mastère Silat, financé par une bourse sarde, dans le cadre d’un programme de retour des « cerveaux » sur l’île. « Ce fut une année très difficile. En fait, je n’avais pas du tout le niveau technique et j’ai eu tout le temps l’impression de ne rien comprendre. Les seuls cours où j’étais bonne, c’était ceux de communication. » Cette année lui fait comprendre qu’elle doit arrêter de penser à son CV et suivre ses inclinations. Mais elle doit remplir son contrat et rentre ensuite deux ans en Sardaigne pour développer un SIG sur les sites de l’âge de bronze à l’université de Cagliari.

Arrivée aux Petits Débrouillard

Elle repart en France en 2011. « J’avais déjà repéré Les petits débrouillards et j’ai fait leur formation de cinq jours pour devenir animatrice. » Un CDD avec une cité scolaire à Paris assure le quotidien tandis qu’elle commence les animations pour l’association. En septembre 2014, elle décroche son premier CDI pour coordonner un projet autour du numérique en Île-de-France : « À 45 ans, ça me faisait peur ! » Chaque semaine, elle coordonne une trentaine d’ateliers d’éducation à la programmation dans les écoles de Garges-lès-Gonesse. Mais elle pilote aussi les activités autour des enjeux citoyens dans le Val d’Oise. « J’adore organiser des événements, tisser des liens avec les partenaires, mais je me garde quand même un atelier par semaine pour rester en contact avec les enfants. » Au cas où elle manquerait d’activité, Susanna Melis s’est également engagée dans une coopérative d’intérêt collectif pour transformer une grange en lieu culturel du côté de Provins, où vit son nouveau compagnon avec qui elle développe des activités autour des arts et de la science.

 

Les petits débrouillards : Premier réseau associatif de culture scientifique et technique, l’association française des Petits débrouillards est un mouvement né en 1986. Il compte près de 200 salariés et s’appuie sur un réseau de 2 500 bénévoles, volontaires et vacataires pour animer le lien entre les enfants, les jeunes et les moins jeunes autour de l’univers des sciences, dans une démarche d’éducation populaire et citoyenne. À suivre sur www.lespetitsdebrouillards.org.

 

 

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