Voir le monde virtuel autrement
Catégorie: 3D, Données, Entreprises, Institutions, Matériel/GPS, Reportages, Réseaux/Transports, Secteur public
GeoBusiness Show, le rendez-vous britannique de l’industrie géospatiale qui s’est tenu mi-mai à Londres était principalement centré sur l’acquisition de données et la topographie. Il présentait également un ensemble intéressant et original de solutions de visualisations. Car dans un monde modélisé en 3D, la carte n’est pas la représentation la mieux adaptée.
1075 mots, environ5 mn de lecture
Même boudé par Esri UK qui organisait sa conférence utilisateurs en même temps dans un autre quartier de la capitale, et par le groupe Hexagon, uniquement représenté par quelques partenaires, GeoBusiness donne une image dynamique du secteur Outre-Manche, très centré sur la mise en boîte du monde. Avionneurs, dronistes, véhicules d’acquisition rapide, stations totales, chariots et sacs à dos équipés de capteurs, caméras à 360° tous les modes d’acquisition de données géographiques y étaient présentés, destinés à donner corps aux jumeaux numériques des bâtiments, des infrastructures et, pourquoi, des villes. Et c’est autour des grands stands de Topcon, Leica Geosystems et Trimble que s’étaient rassemblées les quelque deux cents entreprises et institutions présentes.
À Londres comme à Berlin, ce sont les nuages de points qui sont au cœur de toutes les attentions. Comment les prétraiter avec un maximum d’efficacité, comment les pousser dans le cloud, comment les exploiter… d’où la présence de nombreuses sociétés de services et de quelques éditeurs de logiciels spécialisés.
Nouvelles modélisations, nouvelles représentations
Mais que faire de ces nuages de points, photos et autres modélisations 3D de plus en plus précises ? Le sujet intéresse même l’Ordnance Survey, l’équivalent britannique de l’IGN qui mène une veille active, et a participé à plusieurs expérimentations sur la réalité augmentée, mixte ou virtuelle, ayant bien compris que les jours de la carte étaient comptés.
Parmi la grande variété des solutions proposées par les industriels, retenons tout d’abord, NavVis, spécialiste allemand de la navigation indoors, qui présentait un système d’acquisition ainsi qu’une interface de visualisation et de navigation très fluide, capable de fournir un environnement 3D complet, associant toutes sortes de données aux images (maquette Revit, données BIM…). Afin de permettre son utilisation par des opérateurs sans aucune culture géospatiale, le logiciel s’appuie avant tout sur un moteur de recherche qui retrouve n’importe quel objet dans l’espace. « Il ne faut pas oublier qu’une intervention technique sur trois dans une usine est annulée car l’intervenant n’a pas une bonne vision : il manque les bons outils, une échelle, etc. En offrant la simple possibilité de visualiser à l’avance le site dans ses moindres détails, nos clients gagnent un temps précieux » insiste Ignacio Pérez Hallerbach, vice-président de Navvis.
Des environnements de plus en plus immersifs
Grâce aux tablettes, les modèles numériques peuvent également être confrontés au terrain. La société néozélandaise Augview propose par exemple une interface sur tablette et smartphone afin de visualiser les réseaux enterrés en réalité augmentée. Indépendante du SIG utilisé, sa solution permet en outre de réinjecter les photos prises sur le terrain dans les bases de données.
D’autres industriels vont plus loin et plongent les utilisateurs au cœur des images et des modèles construits. Amoureux des jeux vidéo, Martin McDonnell a fondé Soluis, spécialisé écossais de la visualisation 3D. Il incube également Sublime, qui propose des solutions matérielles pour mettre en valeur les modèles 3D. Parmi celles-ci, un portail d’immersion partagé (shared immersion portal) exploitable sans casque ni lunettes : le dispositif ressemble à un abri semi-sphérique et peut être monté en quelques heures. Le plus petit modèle (4 m de diamètre) accueille quatre personnes et permet une visualisation à 180°, le plus grand (8 mètres) plonge jusqu’à une vingtaine de personnes dans une vision à 360°. Topcon utilisait le dispositif et présentait une interface de navigation, de mesure et d’interrogation dans un modèle complet d’usine.
Pour s’entraîner, manipuler des modèles et des nuages de points, les casques de réalité virtuelle semblent de mieux en mieux acceptés par les professionnels et les offres étaient nombreuses dans les allées de GeoBusiness. La start-up suédoise, Bjorkstrom Robotics proposait quant à elle un dispositif de casque en réalité augmenté permettant de s’immerger dans un modèle numérique complexe in situ, sans perdre la réalité.
« La réalité augmentée sera notre première interface avec les jumeaux numériques, prédit Martin McDonnell. Nous n’en sommes pas loin, mais il reste encore quelques problèmes à régler. » Les casques et lunettes ont encore des progrès à faire pour être moins lourds, moins encombrants, et moins chers. Restera également à inventer des interfaces et des moyens de compression permettant de naviguer dans les moindres détails de vastes espaces, d’une usine à un quartier, une ville ou une région.
Quelques Français à GeoBusiness |
Moins d’une dizaine de sociétés françaises ont participé à GeoBusiness Londres. Viametris en a profité pour présenter la nouvelle version de son sac à dos d’acquisition en SLAM. SBG proposait ses centrales inertielles, tandis que Spectra Precision exposait sa large gamme de produits topographiques. Côté SIG, Business Geografic se sentait un peu seul (ce qui n’est pas forcément négatif), la manifestation ayant peu attiré les éditeurs. Zein Rachidi, un ancien de Leica Geosystems, a choisi GeoBusiness pour lancer son nouveau service Topotrade, qui entend devenir Le Bon Coin du matériel topo d’occasion. Il propose déjà un catalogue de plusieurs milliers de références (stations totales, carnets de terrain, GPS de toutes sortes). « Nous assurons la logistique du transport, nous proposons une plateforme de paiement non obligatoire, nous assurons une inspection et une certification du matériel. En échange, nous prenons une commission de 20 % » explique le jeune créateur, qui a déjà des clients entre les États-Unis et l’Europe. |