INSPIRE bute sur les transformations de données
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Son but était de rendre l’accès aux données géographiques facile et efficace. La directive INSPIRE a-t-elle atteint ses objectifs ? Par certains aspects, le succès est indéniable et, même en râlant, tout le monde s’est mis aux métadonnées. Le développement de plateformes a indéniablement développé les usages de l’information géographique. Mais il reste encore beaucoup à faire, et l’heure est peut-être à la révision de certains objectifs.
Où en est la directive INSPIRE, huit ans après sa mise en place ? Beaucoup de métadonnées et plus de soixante mille séries de données référencées, de nombreux services de consultation, pas encore assez de téléchargements et encore très peu de données structurées selon les modèles INSPIRE. Quant aux services de transformation, ils se réduisent, quand ils existent, à des changements de projection.
Derrière ce bilan grossier, se cachent des situations très différentes, a tenu à rappeler Hugo de Groof, lors de la journée d’information INSPIRE organisée par le CNIG le 16 novembre dernier. Il faut dire que tous les pays n’ont pas avancé au même rythme. La crise économique a mis à mal certaines infrastructures, et, à l’heure de la recomposition territoriale, force est de constater que l’interopérabilité généralisée voulue par INSPIRE reste un rêve qui sera difficilement atteignable. La directive est-elle un échec pour autant ? Certainement pas, comme l’ont montré les témoignages de la journée.
Le partage en héritage
« La collaboration entre les gens est la composante la plus importante de la directive » se félicite Hugo de Groof. « On est dans le partage et pas dans l’informatique, renchérit Marc Leobet de la Mission information géographique au Conseil général du développement durable, il faut valoriser ce qu’apporte l’infrastructure plus que l’infrastructure elle-même. » D’ailleurs, le CNIG envisage d’inclure des témoignages d’usage dans son prochain rapport triennal à la Commission. Pour recueillir les bonnes pratiques, Marc Leobet propose même un hashtag (mot-clé pour Twitter) #merciINSPIRE. Parmi les plus beaux exemples, il faudrait citer le Géoportail de l’urbanisme, qui est en train de rassembler l’ensemble des PLU et autres documents d’urbanisme, impossible à mettre en place sans la dynamique initiée par INSPIRE. « La directive a apporté beaucoup de professionnalisme dans les échanges, témoigne Marie-Christine Schott de la région Alsace. Elle nous a permis de développer une culture, elle nous apporte du qualitatif et nous a aussi permis de prendre conscience des enjeux transfrontaliers. » Mais tout n’est pas rose pour autant et la directive reste perçue comme une contrainte coûteuse par nombre de décideurs.
Des difficultés d’un modèle de données INSPIRE
Elle porte également en elle son lot de contradictions. Ainsi, en Alsace, le partenariat régional CIGAL s’est créé autour d’un projet de base de données d’occupation du sol. Cette problématique a permis aux acteurs de se réunir, de se mettre d’accord sur une nomenclature, de faire réaliser les produits nécessaires, de développer des usages au-delà du cercle étroit des géomaticiens grâce à la publication d’indicateurs synthétiques… le tout en réalisant de sérieuses économies d’échelles. Mais le projet d’occupation du sol à grande échelle porté par l’IGN, selon une nomenclature matricielle conforme au modèle de données INSPIRE, vient remettre en cause toute l’expérience. Les deux nomenclatures et structures des données sont peu compatibles, de même que les précisions et les tarifs. « Il faudrait investir un coût deux fois supérieur à ce que nous avons déjà investi pour transformer notre occupation du sol en occupation du sol nationale » se désole Marie-Christine Schott. Et c’est sans compter les extensions hors du territoire régional réalisées par CIGAL et sans parler de la rupture dans la fourniture d’indicateurs qui sont aujourd’hui attendus par de nombreux acteurs locaux. Une mission est en cours à IGN Conseil pour orienter l’Alsace dans un choix, qui risque de s’avérer assez cornélien ! Comme en écho, Pascal Senard de la DGAC (qui publie ses cartes de bruits et de servitudes aéronautiques sur le Geoportail dans le cadre d’INSPIRE) rappelle qu’il doit aussi faire face aux exigences d’Eurocontol. Ce dernier demande des données selon son propre standard lié au programme de « ciel ouvert européen » : « Je ne vais pas passer mon temps à harmoniser mes données » s’insurge-t-il.
Quand les moyens manquent, qu’il s’agisse de personnes ou de budget (et souvent des deux), l’étape transformation des schémas de données apparaît plus utopiste que jamais. L’heure semble désormais au pragmatisme et au choix des priorités.
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