Chroniques d’un GEOINT au goût de COVID.
Épisode 5
Catégorie: A l'actu, Cartographie, Données, Entreprises, Grand public
La chronique GEOINT de Thierry Rousselin, TMCftn
Dans la pagaille ambiante, le petit monde de l’intelligence géospatiale, alias GEOINT, ne pouvait pas rester à l’écart. Faisons le tour des acteurs … et de leurs actions. Dans cet épisode, voyons comment ça se passe quand les grands journaux s’adressent aux foules coincées devant leurs écrans à la maison.
Les crises sont l’opportunité de casser des barrières et de pousser des acteurs d’univers différents à collaborer. Le Covid-19 a ainsi rapproché acteurs du GEOINT et grands médias.
Chez Donald, cette tendance a fonctionné à fond : Désœuvrement des acteurs ? Envie de se faire de la pub ? Volonté de tester de nouvelles approches face à un événement difficile à décrypter ? Opportunités liées à la nullité de la communication institutionnelle (travers dont fort heureusement notre beau pays a été épargné … pouf, pouf) ? Quelle que soit la (ou les) raison(s), on a assisté à une effervescence de collaborations bienvenues.
And the winner is
Le New York Times s’est particulièrement distingué avec des coopérations avec des fournisseurs de données (Maxar, Planet), des boîtes d’analytics (Descartes Labs, …) ou de data viz. Certes il avait commencé avant (par exemple avec les articles interactifs du Privacy Project), mais les caractéristiques spatiales de l’extension de la pandémie étaient un terreau parfait pour des collaborations équilibrées (les data scientists datascientisent, les journalistes font leur métier et de vrais professionnels proposent des visualisations pertinentes et efficaces).
Certes tout n’a pas été parfait, maîtriser la qualité de l’analyse et la pertinence de sa restitution seront toujours des enjeux difficiles, mais les grands journaux américains s’en sortent très bien … ce qui nous ramène à une comparaison avec la situation nationale bien décevante.
Back to France
DécryptaGéo a chroniqué les multiples initiatives qui sont apparues, y compris en France. Et dans le lot, il y avait des trucs très intéressants (tant en analyse qu’en visualisation), mais force est de reconnaître que pour nos « grands » journaux, le summum a été de reproduire les données de l’Université Johns Hopkins. Le Monde, qui il y a 10 ans était en pointe (quel autre journal proposait chaque semaine un cahier géopolitique avec une cartographie pleine page ?), n’a pas su évoluer et ses cartographies paraissent incroyablement datées (sans parler de leur version numérique carrément risible). Un peu comme si Le Dessous des Cartes était ringardisé par Casus Boloss (si peu, si peu…).
C’est d’autant plus dommageable que les collaborations opportunistes peuvent se transformer en réflexes et permettre de traiter d’autres sujets, comme on l’a vu avec l’analyse sur la bataille dans l’Himalaya déjà relevée par DécryptaGéo et réalisée par les journalistes du New York Times avec les possibilités techniques du Google Earth Studio en s’appuyant sur de l’imagerie WorldView, Pléiades et SkySat.
Puisqu’on se gargarise de l’émergence d’une vraie capacité novatrice en France dans le domaine de l’Analytics (Earthcube, Geo4i et bien d’autres), quand donc nos médias vont-ils faire moins d’articles pour louer la French Tech … mais s’appuyer sur elle ?