Pour développer la smart city, les villes doivent mieux exploiter et valoriser leurs données
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L’Institut Montaigne dresse une liste de recommandations afin que les villes développent des politiques efficaces de la donnée au service de la smart city.
Villes, à vos données ! Dans ce rapport d’une centaine de pages publié début juillet, l’Institut Montaigne enjoint les collectivités locales à mieux exploiter leurs données, leviers essentiels « d’une action publique efficace ». Fruit de 40 interviews et basé sur les expériences de onze villes françaises (Angers, Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Nantes, Nice, Paris, Rennes et Strasbourg), le document rend bien compte de la variété des approches en matière d’open data et de politique locale des données.
Au-delà des différences soulignées par ces témoignages (historique, gouvernance, modèles économiques, thèmes…), plusieurs similitudes valent la peine d’être notées : la place des données géographiques et des services qui en ont la charge dans l’historique de la construction d’une politique locale de la donnée, les difficultés d’évaluation des actions entreprises, la complexe mobilisation des agents dans l’ouverture et le développement de l’interopérabilité des données.
Mais ce rapport se situe dans une perspective bien particulière, celle de la « smart city », déclinée en sous-thèmes tels que la mobilité, la gestion des déchets, de l’eau, de l’énergie, l’urbanisme, la sécurité, la gestion de crises et la protection de l’environnement. En effet, le think-tank, où siègent de grandes entreprises, se félicite « d’une certaine maturité du marché », qui devrait atteindre 500 millions d’euros d’ici 2022. Constatant que les grands projets « englobants » ne sont plus de mise, c’est donc de l’analyse de projets locaux que l’institut tire ses recommandations afin que se développe le marché. À cet effet, il les enjoint à établir une gouvernance claire qui permettra de rassurer leurs administrés, à favoriser l’interopérabilité pour qu’émergent des innovations, à se mettre en réseau et bénéficier ainsi des bonnes pratiques et, enfin, à mieux évaluer les bénéfices des actions menées, ce qui facilitera la mobilisation autour de nouveaux projets.
Les 16 recommandations de l’Institut Montaigne
- Définir une gouvernance de la donnée à même de fixer un cadre clair, favorisant l’innovation
- Définir un cadre d’utilisation des données en interne et sur le territoire (notamment via des chartes)
- Organiser les échanges entre les différents acteurs de la donnée sur un territoire afin de faire vivre un écosystème de la donnée
- Structurer un réseau de villes pour faire émerger des standards, des cas d’usages et partager les bonnes pratiques
- Favoriser la mise en place d’une politique territoriale de la donnée au niveau des EPCI
- Élargir le statut des données d’intérêt général à celui des données d’intérêt territorial
- Faire émerger des cadres d’interopérabilité sectoriels, sur le plan technique comme juridique
- Partager des données brutes et utiliser des clauses de réversibilité mentionnant précisément les données concernées et les formats utilisés
- Accélérer la formation des agents territoriaux aux différents enjeux de la donnée
- Identifier et valoriser les fonctions dédiées au développement des données dans la conception et l’amélioration des politiques publiques, en assurant un portage politique fort
- Adopter une approche incrémentale basée sur des résultats rapides et réalistes : cibler un cas d’usage mature, expérimenter à l’échelle d’un quartier
- Établir des accords dans le cadre de partenariats avec des entreprises, soutenant les cas d’usage et la création de véritables modèles économiques et intégrant des indicateurs de performance chiffrés sur les impacts des projets
- Mettre en place les outils et mécanismes (suivi des coûts, de la productivité, qualité de service, bilan carbone, etc.) pour mesurer les impacts des projets de données
- Déployer et mutualiser des campagnes de communication sur les enjeux et impacts des projets liés à la donnée pour sensibiliser ses citoyens
- Consulter le citoyen en amont des projets, l’inclure dans le processus de création, et développer les initiatives de portabilité citoyenne des données (self data)
- Développer une capacité à incarner les solutions liées à la donnée et à assurer leur suivi.