Les cartographes sont farceurs, mais quid des SIG ?
Catégorie: Cartographie, Décalagéo, Grand public
Une marmotte dans une carte topo des Alpes suisses, impossible ? Non, car les cartographes ont toujours été facétieux. Les bases de données risquent de l’être beaucoup moins !
C’est sur un blog dédié au design que je découvre ce lundi matin un long article sur les blagues des cartographes de Swisstopo, l’équivalent suisse de notre IGN. Zoey Poll a mené l’enquête auprès du très sérieux institut et découvert toute une série de personnages et d’animaux bien cachés au creux des courbes de niveaux, hachures, prairies et ruisseaux des cartes topographiques.
Ces fantaisies, discrètement insérées par des cartographes par ailleurs tout ce qu’il y a de plus rigoureux, n’ont jamais été autorisées, nous rappellent l’auteur. Pourtant, certaines ont perduré des années et ont survécu à plusieurs révisions sans jamais être dévoilées.
Les cartographes suisses ne sont pas les seuls à laisser des petites traces humoristiques dans leurs cartes. On en trouve également sur les cartes IGN (nombreux sont les agents qui ont laissé leur nom ou leur surnom dans un toponyme en zone désertique) et la pratique concerne toutes les agences nationales. Les créateurs de plans de ville sont également friands de ces plaisanteries discrètes (je ne citerai pas mes sources !), qui peuvent jouer sur les symboles, les couleurs, les toponymes et autres inscriptions. Le principe est toujours le même, il faut que l’altération soit discrète, non repérable, mais qu’elle ne puisse pas remettre en cause le reste de la carte. Une fois découverte, sa nature décalée (et donc non significative), ne doit faire aucun doute !
Ces petits décalages dans la réalité cartographique font office de signature comme ces symboles laissés par les artisans anonymes sur les pierres des cathédrales. D’ailleurs, note Zoey Poll, elles sont souvent insérées par leurs auteurs à la veille de leur retraite.
Mais à l’heure des SIG et des bases de données, quelle place pour ces facéties ? Elles rappelaient à celles et ceux qui avaient la chance de les découvrir que derrière chaque carte il y avait un homme ou une femme, certes obsédé par la précision et la rigueur, mais également prêt à laisser parler (laisser dessiner), le gosse au fond de lui. Et comment y réagiront nos superbes intelligences artificielles, nos algorithmes de génération automatique de cartes à partir d’images satellites, aériennes, de nuages de points et autres relevés automatiques ? Quand l’intervention humaine sera réduite à peau de chagrin sur les cartes, même numériques, où ira se cacher la fantaisie ?