IGN : le changement dans la continuité
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Géo-communs, cartographie de l’anthropocène, modernisation de l’action publique… l’IGN a exposé ses « nouvelles ambitions » le 24 novembre au cours d’une soirée rassemblant une centaine de partenaires, grands utilisateurs, journalistes, représentants des ministères ainsi qu’une bonne cinquantaine de salariés.
Le style a bien changé. Depuis l’arrivée de Sébastien Soriano à la direction générale de l’institut, il faut reconnaître qu’un sacré vent de fraîcheur souffle sur un établissement qui a fêté ses 80 ans en 2020. Ainsi, c’est au Ground Control, lieu branché de la capitale, entre longues tablées d’étudiants et vieux bus RATP qu’ont été présentées les grandes lignes de la nouvelle stratégie de l’IGN, fruit d’une dizaine de mois de réflexions, de concertations et de discussions.
Mais qu’on ne s’y trompe pas ! Derrière le nouveau vocabulaire et la nouvelle signature « IGN, changer d’échelle », ce sont bien des tendances déjà engagées depuis plusieurs années qui sont remises en perspective et bénéficient d’une nouvelle « boussole ».
Proposer un contre modèle face aux géants de la tech
Les géo-communs par exemple, qui ont fait l’objet d’une large concertation publique avec 165 contributions, marquent avant tout la volonté de l’IGN de consolider sa politique de coopération et de partenariats. Après avoir fait sauter le verrou de la commercialisation des données, l’établissement peut désormais renforcer la coproduction, devenue indispensable à l’heure où collectivités, associations, collectifs professionnels ou amateurs, produisent les données géographiques au service de leurs communautés d’usages. S’insérer dans une démarche de « communs » (et un vrai débat sur la définition du mot devra avoir lieu) ne sera cependant facile pour personne, car les organisations ont besoin de se montrer pour assurer leur existence, ce qui peut être antinomique avec la modestie d’un commun numérique (qui connaît les grands contributeurs de Wikipedia ?). D’autre part, au-delà de l’élan sincère suscité par la démarche, se posera la question du choix des projets (par qui ?) et de l’effort que l’IGN pourra y apporter. Pour l’instant, l’idée d’un StreetView libre à la française semble émerger, lié à une discussion avec OpenStreetMap. On attend la feuille de route avec impatience.
Changer d’échelle… spatiale mais également temporelle
L’anthropocène ensuite, ou la mobilisation de l’IGN pour documenter les changements en cours sous l’action de l’homme : forêt, artificialisation, littoraux… là encore, les sujets ne sont pas nouveaux, mais la nouvelle ambition met la pression sur la rapidité des mises à jour et donc sur les traitements automatiques via des algorithmes d’intelligence artificielle. Un « observatoire de la forêt » serait ainsi en préparation, avec tous les acteurs du secteur, ce qui ne sera pas facile car tous n’ont pas des intérêts convergents.
Assurer la souveraineté
La description fine du territoire via un programme comme le Lidar HD, enfin. Si le projet est nouveau, il hérite des leçons apprises avec Litto3D et matérialise le nouveau modèle économique de l’IGN. Désormais, pour assurer une diffusion en open data de ses productions, l’IGN doit assurer un financement amont des projets, sur la base des besoins des ministères pour servir les grandes politiques publiques. Ce sont d’ailleurs ces financements qui permettront de participer à des projets moins « rentables » tels que les géo-communs.
Ainsi, comme l’a résumé Emmanuelle Prada-Bordenave, conseillère d’État et présidente du conseil d’administration « l’IGN engage sa mue ». Ce changement de peau est devenu nécessaire sous l’effet de la transformation progressive du corps de l’institut. Cette mue dans les mots donne une nouvelle « vision » qui est d’autant plus pertinente qu’elle prolonge des tendances déjà bien établies, « réconcilie l’envie de service public des agents » et installe l’IGN dans l’air du temps. Maintenant, « action » !
Les 10 chantiers emblématiques du nouveau positionnement de l’IGN :
- Des cartes de l’anthropocène
- Un modèle 3D France entière
- Un plan de recrutement et de formation
- Une « place à communs »
- Un système de labels pour des partenaires publics
- Le forum IGNfab
- Un plan pour smartphones
- De nouvelles cartes papier
- Le guichet « cartographe du service public »
- Des programmes de partage autour de la cartographie