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Intégration d’OSM dans les collectivités : du In au Off

| 26 juin 2017

Catégorie: Cartographie, Données, Imagerie, Institutions, Logiciels, Open Data, Reportages, Secteur public

965 mots

Début juin, s’est tenu en Avignon un festival important qui a réuni deux cent cinquante participants : celui des utilisateurs et contributeurs français d’OpenStreetMap (OSM), alias « State of the Map ». Ce choix ne doit rien au hasard car Jean-Louis Zimmermann, secrétaire de l’association OSM France et Tony Emery, au conseil d’administration également, ont été parmi les premiers géomaticiens de collectivité à exploiter pleinement OSM. Où en est l’évangélisation dans les territoires ? Quelques exemples montrent qu’il faut penser à une réelle stratégie d’intégration.

Un nouveau festival à Avignon : celui des contributeurs OpenStreetMap - photo d'ambiance

Un nouveau festival à Avignon : celui des contributeurs OpenStreetMap

Les collectivités ont ouvert le bal vendredi 2 juin avec les discours de la ville et de la communauté d’agglomération d’Avignon, de la région PACA et de Digne-les-Bains. Avec huit prises de paroles au cours des trois jours du festival, les collectivités ont montré qu’elles avaient trouvé les moyens de s’approprier le projet communautaire de cartographie ouverte. Leurs retours d’expérience montrent cependant différents niveaux d’implication. Encore aujourd’hui, l’importance des hommes (et de quelques femmes) est cruciale dans l’adoption du projet. Ainsi, Tony Emery contribue depuis six ans à OSM et a pris le parti de l’utiliser dans sa fonction de géomaticien, à Orange puis à la communauté de communes des Pays de Rhône et d’Ouvèze depuis 2014 : « Je porte la bonne parole auprès d’autres collectivités, notamment via l’Association des Ingénieurs Territoriaux de France. J’essaye également de sensibiliser les étudiants de la région au projet. »

Les précurseurs du In

À Montpellier Méditerranée Métropole, des scripts exportent les données OSM chaque semaine pour alimenter le portail open data de la collectivité (schéma présenté par Jérémy Valentin, SOTM 2017)

À Montpellier Méditerranée Métropole, des scripts exportent les données OSM chaque semaine pour alimenter le portail open data de la collectivité (document Jérémie Valentin, SOTM 2017)

Au Grand Avignon, OSM suit l’évolution des compétences de l’agglomération : développement économique, urbanisme, mobilité et, depuis peu, tourisme. « Les données d’OSM permettent de faire des analyses spatiales qui complètent les études de déplacement dans les zones denses du territoire, explique Daniel Bellegarde, Vice-Président délégué à la voirie du Grand Avignon. Nous allons mieux calibrer nos modèles de circulation. Nous développons également une plateforme afin de fournir des calculs d’itinéraires adaptés aux vélos. » De son côté, François Ganz, chargé de mission SIG au département modernisation de la ville d’Avignon, se félicite de la mise en place d’OSM depuis 2012 : « OSM nous sert de fond de carte pour une grande partie des restitutions cartographiques de la ville. La prochaine étape sera de développer des règles pour Osmose* en adéquation avec les lots open data publiés par la collectivité. » Montpellier Méditerranée Métropole utilise également OSM depuis 2011. « Nous sommes passés en phase d’industrialisation depuis 2016, explique Jérémie Valentin, chef de projet open data. Les données OSM complètent les bases de données existantes (accessibilité par exemple) et constituent les premières couches pour certaines communes de la métropole qui n’ont aucun SIG. C’est un moyen de leur mettre le pied à l’étrier de l’open data. Côté outils, nous utilisons principalement Overpass, Quick OSM et Umap. »

Foisonnement d’initiatives au Off

Pour réaliser les plans des trente et une communes du Pays de Redon, Étienne Chauchaix utilise lui aussi OSM, encore peu développé dans ces territoires. La cartographie est revue avec les élus des communes (qui corrigent par exemple les noms de rue lorsque ceux du cadastre sont erronés) et non via une cartopartie qui prendrait trop de temps. Par contre, côté adresses, il ne sait pas s’il doit choisir la BANO, dont la licence est claire, ou la BAN qui n’explicite pas à qui sont reversées les données.

Pour se doter d’une vue immersive du territoire, la communauté de commune a fait le choix de Mapillary, sorte de StreetView collaboratif ouvert. Elle a équipé ses camions-bennes de caméras prenant une photo par seconde. Convaincre les chauffeurs n’a pas été simple, cette décision étant vue comme un contrôle de leur travail. Mais le floutage a fini de les rassurer. La communauté de communes souhaite en outre tester la reconnaissance automatique de panneaux de signalisation à partir des images. En neuf mois, 180 000 photos ont été acquises, qui offrent ainsi à la collectivité une vision complète de son territoire et alimentent un projet participatif mondial.

Le pays de Redon, en ligne en photographies immersives sur Mapillary

Le pays de Redon, en ligne en photographies immersives sur Mapillary

Tous acteurs ? Pas si simple

OpenStreetMap peut apparaître comme un moyen idéal de développer de la démocratie participative dans les collectivités. Thibaut Le Corre, conseiller municipal à Digne-les-Bains sur le volet numérique et innovation, également conseiller régional et vice-président d’Open Data France insiste sur les enjeux démocratiques du projet. Mais il tient à alerter les collectivités qui ont tendance à « dissocier l’espace des enjeux sociaux et politiques alors que l’espace est éminemment politique au sens de la vie de la cité. » Et il n’est pas facile de mobiliser directement les citoyens. Il reconnaît que le succès de la cartopartie vélo qu’il a organisé à Digne-les-Bains était lié à l’implication des associations. Une situation que Jérémie Valentin a également vécue à Montpellier où la participation aux cartoparties a fini par s’épuiser. Mais Thibaut Le Corre ne renonce pas pour autant et il aimerait s’appuyer sur OSM pour rendre un projet de SCOT plus participatif. Reste à trouver les bonnes méthodes d’accompagnement, peut-être en s’inspirant de l’expérience de Saillans. La génération spontanée des citoyens contributeurs au-delà de la communauté OSM habituelle n’existe pas encore, elle reste à construire.

Va-t-il falloir tracter ?

Lors de la séance plénière, Jean-Louis Zimmermann, chargé de mission développement territorial au département du Vaucluse, prend le micro pour lancer des idées aux élus. « Nous devrions avoir des petits supports d’appropriation d’OSM, peut-être des cours en ligne, façon MOOC*. Nous avons également besoin de compétences en matière de communication et de lisibilité. Au Grand Avignon, pourquoi ne pas réaliser des supports à destination de la population, petits modes d’emploi qu’on mettrait à l’Office du Tourisme du type « Vous voulez aider à qualifier les services du Festival d’Avignon ? Venez participer à l’événement » ? »

Les collectivités ont manifestement bien compris ce qu’OSM pouvait leur apporter. Mais arriveront-elles à mobiliser directement les citoyens ? La question reste posée.

  • * Osmose (OpenStreetMap Oversight Search Engine) est une plateforme permettant de signaler des problèmes dans les données OpenStreetMap. http://osmose.openstreetmap.fr/fr/map/
  • * MOOC : Massive Open Online Courses, cours en ligne ouverts à tous.

 

Article rédigé par Sukran Dal et Françoise de Blomac

 

 

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