Les hackathons, nouvelle forme d’exploitation ?
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Les hackathons sont légion. Même le Vatican s’y met ! Pour la première fois, deux sociologues américains étudient ce que ces temps forts de l’innovation nous disent des nouvelles formes du travail. Le constat est mitigé.
Qu’est ce qui pousse les entreprises et les institutions à organiser des hackathons ? C’est un moyen de faire venir à elles l’innovation, d’évangéliser sur les données ou les outils de développement qu’elles promeuvent, de se faire une image « cool et tech », de recruter de nouveaux talents. En échange de quelques pizzas et de prix (parfois très symboliques), elles mettent au travail étudiants et professionnels du développement. Bien sûr, ces derniers sont ravis de participer. C’est l’occasion d’apprendre, de tester des logiciels, des outils de développement, des matériels auxquels ils n’auraient pas accès. C’est aussi un grand rituel de cooptation : on y cultive son réseau, on fait avancer le monde en développant des applications originales, on se fait remarquer en trouvant l’idée de sa prochaine start-up.
Quand les sociologues voient plus loin
Mais quand Sharon Zukin, du Brooklyn College, et Max Papadantonakis posent leur regard de sociologues sur quelques hackathons qui ont été organisés à New-York, ils y voient autre chose. Il y a une véritable forme d’exploitation dans les hackathons, au cours desquels les participants travaillent parfois plus de deux jours sans s’arrêter pour pas grand-chose. Car les recrutements ou les start-ups lucratives issus des hackathons restent exceptionnels. Ils génèrent peu d’applications « durables » et bénéficient plus aux organisateurs qu’aux participants. De plus, lorsque ces hackathons sont organisés en interne dans les entreprises (le week-end), il peut même devenir mal vu de ne pas y participer. Grâce aux hackathons, les entreprises instillent petit à petit les valeurs de la Silicon Valley : engagement total, travail précaire en mode entrepreneur permanent. À méditer…