L’IFRI publie une étude pour un modèle européen de ville intelligente
Catégorie: A l'actu, Communiqués, Institutions, Livres, Arts, Expos, Open Data, Ressources diverses, Satellite/Spatial, Secteur public
Paris, le 15 novembre 2022. Alors que deux modèles de smart city s’opposent dans le monde, centrés sur la surveillance ou sur le consummérisme, Jacques Priol, président-fondateur du cabinet CIVITEO, et Joé Vincent-Galtié, consultant au sein du cabinet, publient avec l’Institut français des relations internationales (Ifri) une étude dans laquelle ils tirent les enseignements de ces exemples de villes intelligentes. Les auteurs plaident en faveur d’un modèle européen de smart city – un modèle à promouvoir dans un contexte où les villes sont devenues des enjeux géopolitiques.
À travers cette étude, les auteurs proposent une analyse des projets de villes intelligentes, déployés notamment en Chine et en Amérique du nord, et identifient deux modèles existants : le premier subordonne la smart city à des impératifs de sécurité et de contrôle social, le second est contesté pour son usage massif de données personnelles, récoltées et exploitées par des acteurs privés. À l’aune de ces cas concrets de déploiement de villes intelligentes, les auteurs de l’étude estiment qu’une troisième voie, européenne cette fois, est possible. C’est dans ce contexte, et alors que les acteurs du monde entier sont actuellement réunis en Europe, à Barcelone, pour le Smart City Expo World Congress, que cette étude est publiée.
Chine et Amérique du nord : deux modèles qui font l’unanimité contre eux
Dès 2011, le gouvernement chinois s’est mobilisé pour développer des “villes numériques”, aboutissant quelques années plus tard à un investissement massif dans plus de 800 projets de villes intelligentes à travers le pays. Le modèle chinois de smart city est structurellement axé autour de l’enjeu sécuritaire, qui se matérialise par le recours massif à des technologies d’identification, de reconnaissance, dont la reconnaissance faciale, et l’instauration d’un crédit social.
Parallèlement à la diffusion de ce modèle fondé sur la surveillance, des entreprises américaines ont promu un modèle consumériste qui allie modélisation algorithmique, police prédictive, recours à des services privés exploitant massivement l’espace public, arrivée de nouveaux acteurs et « ubérisation » de ces services. Les critiques soulevées par les projets nord-américains de villes intelligentes ont parfois conduit à leur abandon pur et simple, à l’image du projet de Google dans la ville de Toronto au Canada.
Les prémisses d’une troisième voie : le modèle européen
Alors que Jacques Priol et Joé Vincent-Galtié constatent que la smart city fait l’objet de luttes géopolitiques et que les États se l’approprient désormais comme un outil de soft power, la course pour imposer un modèle dominant de ville intelligente est pleinement lancée. Les auteurs de l’étude se penchent notamment sur le cas de l’Afrique, qui concentre sur son espace les confrontations entre différents modèles. Ainsi, Chine et France s’affrontent pour que leur modèle respectif de smart city s’étende sur le continent africain.
Partant des travaux du rapport « De la smart city à la réalité des territoires connectés » publié en 2021, qui analyse les réalisations réelles de nombreux territoires français et en tire certaines leçons, l’étude de l’IFRI pose le socle pour une ville intelligente incarnant une « 3ème voie », qui ne serait ni celle du modèle chinois, ni celle d’un modèle nord-américain.
Si l’étude s’attache à détailler les inspirations d’un modèle européen de smart city (territoires intelligents français, Montréal, Helsinki, Séoul…), elle définit également un cadre qui repose sur la poursuite de l’harmonisation des règles européennes sur les données. Basé sur le consentement de la collecte des données personnelles, par l’application stricte du RGPD, le modèle européen de smart city se distinguerait du modèle chinois ou américain par l’intégration par défaut de processus d’information, de transparence, ou d’anonymisation, garantissant la protection de la vie privée des citoyens.
La 3ème voie incarnée par le modèle européen doit reposer sur le principe d’une ville intelligente efficiente, démocratique et transparente dans sa gouvernance, ouverte et donc souveraine dans ses choix technologiques, et éthique dans sa gestion des données. Enfin, les auteurs insistent sur la nécessaire préservation de la confiance citoyenne ainsi que sur la sobriété du futur modèle européen, qui devra prioriser son action par la recherche d’un impact élevé au service des transitions.
Pour Jacques Priol, “le modèle européen de ville intelligente n’existe peut-être pas encore. Mais ses principes sont identifiés : il repose sur la souveraineté, la transparence, la protection de la vie privée et le contrôle démocratique. En imposant des règles strictes dans la gestion des données, l’Europe façonne un modèle qui participe aussi d’une double lutte d’influence. Un combat économique, puisque le marché mondial des investissements liés aux villes intelligentes devrait dépasser les 2 000 milliards de dollars dans le monde en 2026 ; mais aussi une lutte géopolitique, face à la concurrence des modèles chinois et américains. Ce qui est en jeu, c’est la conception des villes et le rôle confié aux outils numériques.”
Les travaux de l’Ifri visent à promouvoir une perspective française et européenne sur les enjeux technologiques internationaux. Force est de constater que les villes sont devenues un terrain de confrontation entre différents modèles pour nos sociétés de plus en plus fondées sur les technologies. C’est d’ailleurs une des raisons du lancement à l’Ifri en mai 2022 d’un programme de recherche sur la gouvernance des villes en Afrique. L’étude de Jacques Priol et Joé Vincent-Galtié éclaire par des cas concrets la façon dont se solidifie un modèle européen pour les smart cities. Ce modèle n’est pas un vœu pieu, il a déjà des implications réelles, en termes de gestion des politiques publiques, de protection des données, et de définition de standards technologiques.
CONTACT PRESSE CIVITEO
Mathias NIRMAN – mathias.nirman@chefcab.fr – 06.75.46.87.45
À propos de CIVITEO :
CIVITEO est un cabinet nantais fondé par Jacques Priol qui développe depuis 2016 une expertise sur la gestion des données publiques. Ses consultants interviennent auprès des acteurs des territoires, collectivités locales et administrations, mais aussi de nombreuses entreprises qui agissent dans le cadre de délégations ou qui ont un rôle dans le développement et l’aménagement des territoires, afin de les conseiller autour des problématiques liées aux nouveaux usages de la donnée.
À propos de l’IFRI :
Créé en 1979, l’Ifri est la première institution française de recherche et de débat indépendante, consacrée à l’analyse des questions internationales et de gouvernance mondiale. L’expertise de l’Ifri s’adresse prioritairement aux décideurs politiques, économiques, aux milieux académiques, aux leaders d’opinion ainsi qu’aux représentants des sociétés civiles. En 2021, l’Ifri est classé 5ème think tank le plus influent au monde selon le « Global Go To Think Tank Index Report » de l’Université de Pennsylvanie.