Rapprochement décisionnel et géomatique : les acteurs traditionnels du SIG risquent de rater le coche
Catégorie: Cartographie, Dossier : Géomatique et décision, Entreprises, Géomarketing, Logiciels, Marché, Utilisateurs
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Sur Decideo, Philippe Nieuwbourg scrute l’actualité du décisionnel et de la business intelligence. Il revient pour nous sur le marché, son évolution, et la place de la géomatique.
Pour vous, qu’est-ce que le décisionnel ?
Pour faire simple, disons que le décisionnel, c’est utiliser de l’information pour prendre une décision.
Alors, toutes les cartes sont du décisionnel ?
Pas vraiment. Il y a deux manières de représenter les données, l’une pour prendre des décisions, l’autre pour donner une information, faire du reporting, apporter une connaissance. Une carte historique dans un livre n’est pas du décisionnel. Une partie du domaine de la géomatique relève du décisionnel, mais pas tout.
Est-ce que le décisionnel se rapproche de la géomatique ?
Clairement oui. Les informations géospatiales sont de plus en plus utilisées pour localiser tout un tas de choses : des transactions bancaires, des logs… La géolocalisation d’une transaction va être importante pour détecter une fraude par exemple. Avec le développement de l’internet des objets et du big data, la tendance ne va faire que s’accentuer.
Les acteurs du décisionnel l’ont bien compris. Des fonctionnalités géographiques apparaissent dans les bases de données de graphes, dans Python… Les logiciels intègrent des fonctions de représentation cartographique des données.
Inversement, la géomatique se rapproche-t-elle du décisionnel ?
Les acteurs traditionnels de la géomatique ont une carte à jouer, mais ils ne le font pas ou mal. Je suis contacté tous les ans par des acteurs qui veulent se positionner sur ce domaine, mais ils ne savent pas parler aux gens du monde du business. Ils ont du mal à simplifier leurs interfaces, à élaguer les fonctionnalités. Ils restent dans leur monde d’experts.
Il y a bien des éditeurs qui proposent des solutions pour relier les deux mondes, mais ils sont trop petits pour devenir le Tableau ou le Qlik de la géomatique. Ils manquent d’envergure internationale, de capacité marketing. Vous êtes en train de passer à côté du marché. Le rachat d’Idevio par Qlik est emblématique. Si les outils géomatiques ne vont pas vers le décisionnel, c’est le décisionnel qui va y aller, par croissance externe.
À votre avis, pourquoi une telle difficulté ?
La question est celle du lien encore trop faible entre le monde de la décision et celui de la connaissance. Je viens de passer du temps au Pérou qui a subi des inondations importantes. Il y a eu des tas de cartes publiées par des spécialistes de la cartographie, qui expliquent les phénomènes. Mais ces informations ne sont pas utilisées pour prévenir les populations, pour reconstruire. On a un vrai manque de lien entre analyse géospatiale et prise de décision. Les deux parties sont fautives : les décideurs ne sont pas assez sensibles aux cartes et les experts ne savent pas communiquer leur savoir.
Quelles sont les grandes tendances du marché ?
Nous voyons un développement rapide des nouvelles solutions de Business Intelligence agiles dans les entreprises, exploitables directement par les utilisateurs, comme Spotfire, Qlik ou Tableau.
Se développent également des choses intéressantes pour comprendre les données, par de nouvelles formules mathématiques qui sont produites par les data scientists qui les mettent à disposition des utilisateurs. Ici, on parle programmation en R ou en Python.
Le vrai défi est celui de la compréhension des données non structurées. Aujourd’hui, on sait les stocker mais pas encore les analyser automatiquement. Le deep learning, l’intelligence artificielle vont nous y aider. Facebook sait déjà analyser la photo que vous publiez et identifier où vous êtes (un restaurant, un bar) avec qui (vos amis, vos collègues de travail) et vous afficher une publicité adaptée. Dans ce domaine, la dimension géospatiale est très importante.
À lire dans ce dossier
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