Un marché qui explose
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Une multitude de studios de développements, de start-up, d’entreprises ayant pignon sur rue mais aussi de collectifs ou de villes elles-mêmes développent des applications de signalement ou de démocratie participative contenant une brique signalement. Pourquoi un tel foisonnement et comment s’y retrouver ? Voici quelques clés de lecture
AppMyCity, FixMyStreet, SeeClickFix, FixMaVille, Localeo, BetterStreet, TellMyCity, City2Gether, Beecitiz, Civicity, Ecopolis, Jaidemaville, DansMaRue, PopVox … Si vous avez l’intention de lancer une application de signalement, il va falloir vous creuser les méninges pour la baptiser !
La rencontre de deux mondes
D’un côté, il y a les applications développées par des collectifs engagés, qui souhaitent interpeller les collectivités en donnant à voir les problèmes non traités, en soumettant leurs idées d’améliorations. Ainsi est par exemple né au milieu des années 1990 le projet Open Source britannique FixMyStreet, qui fait figure de précurseur. De l’autre il y a les collectivités qui préfèrent prendre les devants plutôt que de se faire taper régulièrement sur les doigts par des citoyens de plus en plus exigeants. Aujourd’hui, force est de constater que les deux démarches ont tendance à se rapprocher, les développeurs citoyens étant ravis de vendre leurs applications aux villes, et les villes étant bien contentes de trouver des applications sur étagères, prêtes à l’emploi. Derrière FixMyStreet il y a désormais une entreprise, MySociety qui assure la personnalisation de l’application, dont les briques restent toujours en open source, qui a par exemple été francisée par Bruxelles. Dans la ville 2.0, citoyens et autorités collaborent pour améliorer l’espace public.
Si le Royaume-Uni semble champion dans les mille et une façons d’interpeller ses responsables politiques, les collectivités des États-Unis se sont aujourd’hui massivement lancées dans l’aventure des applications de signalement. Il faut dire que depuis le début des années 2000, nombreuses sont celles qui ont ouvert un centre téléphonique ouvert 24h/24 et 7 j/7, où sont regroupés les appels pour les démarches, les renseignements et pour signaler des problèmes non urgents, via un numéro simple à retenir et valable dans tout le pays, le 311. Aujourd’hui, les villes déclinent leur service en application sur smartphone comme New York avec NYC311, qui permet aux habitants de la grosse pomme de se plaindre du bruit, des rats, des tags, des fuites d’eau, des rues bloquées, etc.
Certains pays ont même réussi à mettre en place des applications nationales comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande, avec Snap Send Solve, développé par Outware Mobile, utilisé par plus de 600 collectivités locales et par nombre de leurs partenaires en matière de gestion de réseaux.
La France renonce à s’en mêler
La France a été tentée par l’approche et s’est même engagée fermement dans ce sens. En mars 2015, lors de la réunion interministérielle « Égalité et citoyenneté : la République en actes », un appel à projets « Fix it des quartiers » était annoncé afin que soit rapidement développée une application de signalement accessible pour les collectivités locales. L’enjeu ? Renforcer le sentiment d’appartenance par une meilleure implication des habitants et un meilleur outillage de la sphère publique. Malheureusement, après avoir été reporté à la fin de l’année 2015, l’appel n’a finalement jamais été ouvert et le projet, tout simplement abandonné. Chacun peut désormais lire sur la page de suivi des engagements pris en mars 2015 que « le secrétariat d’État chargé du Numérique ne considère plus ce projet comme opportun puisqu’au moins trois applications déjà existantes sont déjà très efficaces (voir DansMaRue, PopVox ou en anglais AppMyCity). La préfecture du Val d’Oise a également mis en place une application appelée « Ma Préfecture » inaugurée le 11 mai 2016 par le ministre de l’Intérieur. De plus, un catalogue de solutions est en cours de constitution : cette « boîte à outils » du gouvernement ouvert sera présentée lors du Sommet mondial 2016 et permettra aux territoires de trouver des solutions adaptées à leurs besoins. » Quant à Ma préfecture, malgré un lancement en grande pompe, elle ne comptabilisait que 44 signalements le 4 août dernier, nous apprend un tweet de la préfecture. C’est sa partie « mes démarches » qui intéresse les utilisateurs qui l’ont consultée plus de 10 000 fois.
Une myriade de solutions
Car, dans ce domaine, tout semble aller très vite. Il faut dire que développer ce type d’application n’est pas forcément très complexe. Une carte et un GPS pour se positionner, une catégorie à choisir, une photo à prendre, un commentaire à ajouter et hop, le signalement est envoyé ! Les API de Google et d’Apple facilitent le travail des développeurs. Des petits studios de développement (talentueux au demeurant) savent développer des applications à la demande des collectivités. Citons par exemple I See U installé à Perpignan, qui a développé l’application Villard Direct. Celle utilisée à Meylan a été développée par Opensugar, une PME basée à Echirolles. Kheol Information Systems, basé à L’Union dans la banlieue de Toulouse équipe sa ville, avec une application qu’elle propose au marché sous le nom Civicity. Le premier client de Jaidemaville est la ville de Talence, ce qui n’est pas un hasard puisque ses développeurs sont installés à Bordeaux.
Mais il n’y a pas que les « petits » qui proposent ce type d’application. Coved, filiale informatique de la SAUR a développé Ecopolis, qu’elle vend aux collectivités, un marché bien connu du gestionnaire de réseaux. Certaines villes se retroussent elles-mêmes les manches, comme Paris avec DansMaRue.
Comment faire le tri dans toutes ces offres ? Les collectivités qui souhaitent s’équiper devront évaluer la place à accorder à la brique « signalement ». Car certaines applications sont avant tout centrées sur la démocratie participative, sur la gestion de la relation usager, sur l’information urbaine, sur l’entraide locale…
Oubliée, la géomatique ?
Les services géomatiques sont rarement mobilisés sur ce type de sujet, plutôt porté directement par les élus et leur cabinet. Ils ont pourtant une carte à jouer. Non seulement ils peuvent faire appel aux solutions mobiles de leur éditeur préféré, mais ils sont plutôt bien placés pour gérer le véritable défi de ces applications : le traitement des signalements. « Ce qui freine les collectivités, c’est la réorganisation nécessaire » remarque Léonore Gouénard, en charge de la communication chez SoyHuce qui commence à signer ses premiers contrats après deux ans de travail sur son application City2Gether.
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